Un des exercices consternants que l'on peut faire aujourd'hui est de parcourir les manuels d'histoire imposés à nos enfants par leurs professeurs de lycée ou de collèges et de rechercher la manière dont la famine génocide organisée en 32-33 par la direction soviétique notamment en Ukraine est présentée aux élèves.
On sait que ce génocide planifié, organisé, intentionnel, avait pour but d'une part de casser définitivement la résistance nationaliste ukrainienne dans le cadre du socialisme dans un seul pays, et d'autre part d'éliminer une classe sociale considérée comme incapable d'accepter le régime socialiste et donc irrécupérable.
Connue désormais sous le nom d'Holodomor, cette famine est le premier grand génocide organisé en temps de paix. C'est un des plus grands crimes collectifs de l'histoire du XXième siècle. Les hommes, les femmes et les enfants classés "koulaks" seront exterminés sans pitié par millions. Le bilan de ce massacre planifié explicitement et mené par 140 à 160.000 miliciens ou activistes pendant plus de deux ans atteint selon les sources entre 3 et 7 millions de morts, soit à peu près l'équivaent de la Shoah.
Les ordres explicites d'extermination sont connus. La confiscation de toute ressource alimentaire et l'enfermement dans des villages totalement coupés du monde des populations sacrifiées ont été conduits de façon explicite par les autorités, sans cacher aux cadres responsables qu'il fallait être radical et sans pitié et que l'objectif était l'élimination pure et simple.
La population de 12.000 villages ainsi encerclés et dépouillés de toute ressources disparaîtra en totalité.
Ce génocide perpétré de sang froid afin d'assurer "la victoire définitive du socialisme" est sans doute avec la Shoah l'abomination qui interpelle le plus toutes les consciences mondiales éprises d'humanisme et de justice. Car ce génocide sera un modèle qui sera reproduit ailleeurs, en Corée, en Chine, au Cambodge, en Erythrée, selon les mêmes modalités et pour les mêmes raisons.
Au nom du "plus jamais cela" il importait et il importe toujours que cette ineffable horreur soit connue et méditée, notamment par les élèves.
Eh bien non ! En France, ce génocide est caché, occulté, maquillé, travesti, minimisé. Les élèves français ne doivent pas savoir qu'il y a eu une Shoah socialiste et surtout ils ne doivent pas en tirer la moindre leçon.
Les deux livres cités ci dessous ne sont pas choisi de façon maligne : ils sont extraits de la bibliothèque des manuels de mes deux enfants qu'on leur a imposé d'acheter lorsqu'ils étaient élèves au lycée Henri IV.
Le premier est : Le siècle des excès de 1870 à nos jours de Touchard, Bermond, Cabanel et Lefevre, nouvelle édition "tout sur le XXème siècle" au PUF.
Un génocide de 5 à 7 millions de personnes ne saurait manquer d'y figurer en bonne place. Le livre de 698 page consacre exactement 1 (une) ligne au génocide :
"L'Ukraine est ravagée par une terrible famine durant l'hiver 31-32".
On sait que la famine a commencé dès 31 et qu'elle a atteint son pic d'extermination en hiver 33. La loi des 5 épis ? Non citée. La confiscation des ultimes ressources des paysans ? Non citée. Le passeport intérieur et l'interdiction faite aux villageois de circuler ? Non citée.
Un ravage est arrivé, on ne sait ni comment ni pourquoi en Ukraine. Ce n'est pas une opération politique, encore moins un crime. Tout juste un "désastre économique" temporaire auquel il sera remédié ; ce n'est pas une élimination planifiée mais un simple "nivellement social" rendu obligé par la transformation en profondeur des mentalités, si on en croit les quelques lignes de commentaire portant elles sur l'ensemble de la politique de collectivisation. Inutile de s'attarder plus avant.
Du beau travail d'historiens escamoteurs en réunion.
L'autre livre est l'Histoire du XXème siècle, tome 1, 1900-1945, de Serge Berstein et Pierre Milza.Sur les 488 pages on trouve tout de même quelques lignes (page 341) sur cet immonde génocide appelé à se répliquer.
"La façon brutale dont la collectivisation est réalisée entraîne la résistance des paysans. La désorganisation ds campagnes, la faible motiviation des paysans, le manque d'outillage, et d'engrais, entraînent la diminution de la production des céréales, faisant réapparaître la famine qui atteint tout le pays en 32-33".
De quel pays s'agit-il ? Ce n'est pas dit. On imagine que l'auteur veut dire "l'union soviétique". Auquel cas c'est un mensonge éhonté. Le gros de la famine touche l'Ukraine et le Kouban, et quelques régions de la Volga (l'extermination des cosaques répoindant à d'autres mécanismes). Cela s'appelle "noyer le poisson". Surtout ne pas aborder la question de la mise au pas d'une nation de paysans dont 25% de la population sera tué et remplacé par des russophones.
La brutalité de la collectivisation n'entraîne pas la famine, mais la résistance des paysans. Ah les idiots, ils se sont tués tout seuls. Ce n'est pas la première fois qu'un génocideur accuse le génocidé d'être la cause de son propre malheur, mais il est rare de voir la thèse développée dans un livre d'histoire à l'attention des élèves des lycées et des collèges. Salauds de Koulaks pas motivés ! C'est de votre faute si vous êtes morts ! Surtut les enfants !
Vous avez provoqué la diminution de la production et vous en êtes morts. Les réquisitions abusives ? Le fait que la production a toujours été exportée en masse en 32 et 33 ? L'organisation politique et militaire du massacre ? Pas un mot. C'est une famine spontanée liée à la résistance des paysans et à des aspects techniques secondaires : manque d'engrais et de machines par exemple.
Imaginons un professeur de lycée expliquant que la shoah est de la faute des juifs et que c'est leur résistance et le manque de savons qui ont imposé les chambres à gaz. Il coucherait en prison. Très légitimement.
Mais on peut tuer des millions d'ennemis du peuple et de koulaks et expliquer benoitement que c'est de leur faute ou tout au plus celle d'un petit accident de gestion.
Evidemment pas un mot ni sur la loi des 5 épis, sur le passeport intérieur, sur l'encerclement des villages privés de toute possibilité de mouvement. Pas un mot sur les ordres donnés et l'organisation mise en palce pour faire mourir en Ukraine notamment des millions d'innocents, hommes femmes et enfants, dans ces conditions atroces.
A ce point ce n'est plus de l'histoire mais de la falsification historique honteuse et quasiment de la complicité morale de génocide.
Voilà où on en est en France, patrie supposée des droits de l'homme : une histoire falsifiée et malhonnête visant à ce qu'on ne vienne pas fourrer son nez et son coeur dans un génocide immonde mais estampillé "socialiste".
Ce livre immonde est paru chez Hatier. Pas dans un appentis de la société des amoureux des génocides socialistes. En 2007, pas en 1934.
Un enseigement officiel de cet acabit dans les meilleurs établissements supposés du pays, cela fait frémir.
Quelle honte mais quelle honte !