Un article remarquable de Simone Weil et d'Hubert Falco
"Nous sommes allés au mémorial d'Holodomor à Kiev parce que la mal n'est pas mort. La mémoire du génocide commis en 32-33 contre les paysans ukrainiens doit être sans cesse ravivée dans nos consciences.
Par Simone Weil et Hubert Falco
Mercredi 27 janvier, 180 Français, parlementaires, responsables de fondations et associations de mémoire, anciens déportés, enseignants et lycéens, journalistes, étaient à nos coté , en délégation officielle à Kiev.
Pourquoi ? Pourquoi exposer encore nos anciens au froid sibérien et aux souvenirs plus glaçants encore ? Tout n'a-t-il pas été dit ? L'œuvre de transmission n'est elle pas achevée ?
Non croyons nous. La mémoire d'Holodomor, la famine génocide qui a fait disparaître en deux ans près de 4.000.000 d'innocents, hommes, femmes et enfant réunis, dans les conditions les plus atroces, n'a jamais été honorée. Jamais. Un génocide socialiste ne peut pas être honoré en France. Alors nous disons que la mémoire d'Holodomor se doit d'être avivée dans notre conscience nationale et dans la conscience universelle des hommes comme la marque indélébile du Mal Absolu. Au cœur du vivre ensemble il y a le rejet des idéologies de la haine. Au delà des discours il faudrait que chaque citoyen aille une fois dans sa vie se recueillir en silence devant la stèle où figure le nom des 12.000 villages ukrainiens affamés à mort et rayés de la carte. Ecouter les survivants ? Il ne le pourra pas : il n'y a pas eu de survivants.
Nous sommes allés à Kiev ensemble parce qu'en deux ans , plus de 4 millions de femmes d'hommes et d'enfants furent exterminés par la famine. Parce qu'il y eut jamais de crime plus odieux que dans ces villages cernés par l'armée et dont la population a été privée de nourriture jusqu'à ce que mort s'en suive. C'est pour cela que les 12.000 villages devraient être globalement inscrits au patrimoine de l'humanité par l'Unesco et que l'ONU devrait choisir une date pour commémorer les victimes d'Holodomor.
Nous sommes allés à Kiev parce que le temps presse. Malgré l'inlassable dévouement des associations témoignant sans relâche auprès des jeunes générations, auprès du grand public, le temps fait son œuvre qui épuise les forces des plus vaillants et éclaircit les rangs des plus anciens.
Ce déplacement dit la volonté de l'Etat, des grandes fondations de mémoire et de la communauté éducative de poursuivre le devoir de mémoire.
Nous sommes allés à Kiev parce qu'il s'agit pour nous Français d'un haut lieu tragique de la mémoire nationale. C'est au nom de la violence de la révolution française que ce génocide a été conduit. Des Français couvraient de leur talent et de leurs poèmes la plainte des mourants. Aragon chantait la Guépéou qui faisait couler un sang pourri et permettait la renaissance du monde. Nos intellectuels chantaient la gloire du génocide socialiste, nous en faisant les complices admiratifs. Nos écrivains, nos politiciens revenaient d'Ukraine et mentaient comme des arracheurs de dents. La famine n'existait pas. Et on ne crée pas le socialisme réel sans casser des œufs. Nos gouvernements n'ont rien dit alors qu'ils savaient tous et qu'il savait tout.
Evidemment la France n'a pas financé les dépenses nécessaires à la perpétuation du souvenir et l'Europe s'est bien gardée de faire quoi que ce soit. Malheureusement il y a les bons et les mauvais génocides.
Nous sommes allés à Kiev parce que le mal n'est pas mort. Les tentatives permanentes et rampantes de révisionnisme exigent de nous constance et détermination. Nous nous y employons conjointement. La France s'est engagée dans une œuvre de longue haleine pour protéger la mémoire des victimes des grands génocides socialistes tant ce combat est lié à la pérennité de notre démocratie, tant il exige une mobilisation collective contre toutes les formes d'intolérance.
A travers ceux qui furent assassinés par les socialistes soviétiques pour la seule raison d'être nés qu'ils soient koulaks ukrainiens dans leur grande majorité, mais aussi kazakhs, biélorusses, ou russes ou parce qu'ils s'étaient dressés contre la barbarie communiste, ou pour tous les motifs fallacieux de la barbarie et de l'intolérance, c'est l'humanité qui a failli disparaître à tout jamais.
Nous sommes allés à Kiev parce que nous travaillons ensemble sur le terrain. Ensemble nous mettons en œuvre dans les collèges dans les lycées, les musées, la transmission de la mémoire qui est un des fondements de notre nation. A titre d'exemple le concours national de la résistance aux génocides socialistes que n'organise pas chaque année le ministère de l'éducation nationale n' a suscité la participation de personne. Nous le regrettons infiniment. Il va falloir s'y mettre.
Ensemble nous n'oublierons jamais."
Fin de l'article
Evidemment cet article n'a pas été publié en page 16 du Monde daté du vendredi 29 janvier 2010. Il s'agit d'un article sur la Shoah que nous avons légèrement retouché. On peut massacrer des millions de personnes s'il s'agit de socialisme. Il n'y a plus de victimes ; plus d'innocents ; plus de devoir de mémoire ; plus de fondements de la nation. Il n'y a que le silence. Simone Weil avait dit lors d'une émission de télévision où on lui rappelait que des femmes et des enfants avaient massacrés dans les pays Baltes : je ne savais pas. Désormais elle sait. Et elle se tait. M. Falco n'a jamais répondu à la demande de l'Ukraine de voir Holodomor, la Shoah socialiste, reconnu par la France. "Ensemble nous oublierons toujours" semblent-ils penser.
Mais peut être n'avons nous rien compris et qu'à la prochaine occasion ils vont prendre ensemble à nouveau la plume. Notre légère adaptation les convaincra sans doute qu'ils peuvent reprendre leur texte en en changeant peu de chose.
Ils vont le faire, c'est sûr ! La France est le pays des droits de l'homme, non ?
Léon Chaix est un humaniste de gauche qui a donné son nom a un syndrome essentiel a la compréhension de notre temps. Le syndrome de Léon Chaix décrit la réponse automatique des adeptes du mouvement socialiste confronté a l'ampleur des crimes contre l'humanité commis en son nom :
Tous ceux qui essaient de dénoncer l'occultation, de démonter la négation, de se moquer de la minimisation et de rire des tentatives d'exonération sont évidemment présentés comme < fascistes > et ne sont dignes que des attaques ad hominem les plus basses.
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