Peut-on parler de génocides socialistes ?

Léon Chaix a posé cette question  sur le forum du Monde.fr dès la parution du Livre Noir du Communisme. On alléguait à l’époque une querelle entre Courtois et Woerth, l’un considérant que la qualification de génocide était légitime et l’autre non.  Nous donnons ici ce texte important.

« On sait aujourd’hui l’ampleur des massacres commis par les différents mouvements révolutionnaires se réclamant  du socialisme, notamment ceux conduits par des partis communistes. Il s’agit de dizaines de millions de morts.  Les assassinats ont eu lieu lors de la révolution proprement dite puis lors de l’installation du nouveau régime et enfin pendant la vie même du nouveau régime. Peut-on parler de génocide ?

« Il y a génocide lorsqu’une autorité de droit ou de  fait décide d’éliminer une fraction de la population considérée comme nocive non pas pour ce qu’aurait fait tel ou tel de ses membres  mais par suite d’une condamnation collective idéologique, politique  ou passionnelle.  Les victimes sont toujours des innocents puisqu’il n’y a en droit que des culpabilités individuelles et factuelles.  Les femmes et les enfants ne sont pas épargnés : il suffit qu’ils appartiennent au groupe honni et voué à la destruction pour que leur mort soit programmée.  Dans tout génocide la victime est surtout coupable d’être là où on ne veut pas d’elle, coupable d’être née. 

« Le génocide se caractérise par l’absence de tout frein : puisqu’il n’y a pas recherche d’un acte fautif, il n’y a pas de limites à l’inculpation. Il suffit que la qualification choisie soit projetée sur un groupe pour que les suspects soient en grand danger d’élimination.  Il n’y a pas non plus de défense possible : que répondre à quelqu’un qui vous condamne pour ce qu’il  croit devoir penser de ce que vous êtes indépendamment de tout ce que vous auriez pu faire ?

« Il va de soi que l’élimination du groupe condamné se fait pour d’excellentes raisons et un superbe idéal ; comment sinon convaincre des milliers de bourreaux  de mettre la main à la pâte ?  Le crime de masse s’accompagne toujours de textes qui expliquent que la morale usuelle ne s’applique pas et qu’une nécessité supérieure doit annihiler en soi  tout reste d’humanité.  Tout génocide est le fruit d’une rencontre entre un discours  et un pouvoir,  d’une rhétorique et d’un appareil meurtrier.  C’est pour cela qu’il est juste de s’attaquer à la rhétorique génocidaire même une fois que l’appareil qui l’a mis en œuvre  a été détruit.  Cette rhétorique vise à mettre au pilori  la population honnie et de la priver de toute respectabilité, tout en la chargeant de toutes les perversions imaginables.  Elle devient alors un objet de sarcasmes, de mépris, d’injures, de menaces, et enfin d’exactions.  L’élimination de la « pourriture » devient une tâche de salut public.

« Le marxisme, aussi bien dans son texte que dans sa vulgate politique,  apporte deux éléments pro- génocidaire :

-          L’explication  de l’histoire par le jeu des classes et la dénonciation de la classe bourgeoise prétendument au pouvoir pour le malheur du peuple ;

-          L’identification de la morale et des valeurs usuelles à une « superstructure » destinée à assurer le pouvoir de la bourgeoisie.

« Le triomphe du prolétariat, seule classe digne, passe non seulement  par l’élimination de la classe bourgeoise dominante mais aussi par la destruction de la société bourgeoise.

« Les droits de l’homme dans cette optique ne sont qu’un « camouflage essentialiste » visant à empêcher la divine révolution.  Toutes les lois morales qui s’élèvent contre la révolution sont « bourgeoises » et on ne doit pas en tenir compte. Le « devoir révolutionnaire » et dur mais il doit s’exercer, fut-ce au prix de millions de morts.  Sartre en précisant que la Praxis du peuple est seule génératrice de morale véritable et qu’après tout si le peuple veut tuer il en a bien le droit ne fait que compléter le message de Marx dans le sens de l’affranchissement  de toute limite morale dans la lutte contre l’ennemi.

« On ne compte plus les déclarations  des marxistes léninistes ou autres déclarant comme Boukharine qu’il ne fallait pas craindre l’élimination physique  du quart de la population,  ou comme Sartre que « la révolution russe n’a pas assez tué ».

« Nous sommes en présence d’une idéologie qui considère qu’une classe doit être éliminée et que le travail de liquidation  ne doit pas effrayer.  Ses leaders développent bien une justification du passage à l’acte et entendent par tous moyens qbaisser les défenses humanitaires (déclarées bourgeoises) qui interdisent le meurtre politique. 

« La réalité des massacres est venue confirmer ce que l’idéologie exigeait dans tous les pays où les mouvements se réclamant du marxisme léninisme ont sévi.  On a liquidé des strates entières de population considérées comme dangereuses ou contaminées. Cette action a été menée par des pouvoirs constitués contre des civils désarmés.  Pratiquement aucun pays où la doctrine avait pu trouver des adeptes organisés  n’a échappé à ces crimes.

"Comment pourait-on ne pas parler de génocides socialistes ? "

Réponse à l'article choquant de Nicolas Weill dans le monde du 16 août 2008

A Nicolas Weill – weill@lemonde.fr – Article disponible à l'adresse : http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/08/15/soljenitsyne-un-heros-inquietant-par-nicolas-weill_1084097_0.html

Lundi 18 août 2008 Lettre ouverte.

Monsieur,

Votre article dans le monde du 16 Août 2008, intitulé « Soljenitsyne un « héros inquiétant » », ne peut que susciter des réactions attristées voire indignées. La Shoah, 3 millions de victimes comptées, 5 millions quasi certaines, 6 millions plus que probables, a fixé des règles en matière de génocide, grâce à l'action persévérante de quelques uns et la prise de conscience générale :

- Devoir de mémoire pour les victimes.

- Devoir de vérité pour les faits qui ne doivent pas être occultés, niés ou minimisés.

- Devoir imprescriptible de sanction contre les auteurs.

- Devoir de dénonciation des idéologies et des attitudes qui ont créé les conditions du génocide, sans tolérer les exonérations faciles.

- Devoir de vigilance contre ceux qui tentent de justifier l'intolérable et qui veulent éventuellement remettre au goût du jour des pensées mortifères.

- Devoir de repentance pour les institutions ayant favorisé d'une façon quelconque et aussi peu que ce soit l'occurrence des massacres.

 

Bien sûr, il faut se garder d'aller trop loin et des dérives sont possibles :

- Dérive mercantile, l'exploitation financière du drame et de l'émotion l'emportant sur les devoirs de la mémoire.

- Dérive communautariste, les morts passés servant à donner des avantages aux vivants d'aujourd'hui contre des adversaires de toujours.

- Dérive politique, les souffrances subies servant à justifier des violences infligées ici et maintenant à d'autres.

- Dérive idéologique, limitant la liberté de pensée et générant une censure sur le travail des historiens.

- Dérive religieuse, la condamnation tournant à la malédiction et la culpabilisation de collectivités entières.

Mais tout le monde admettra qu'il y a une « jurisprudence » indispensable et légitime du traitement des génocides sur l'exemple de la Shoah. C'est très bien ainsi. Elle doit s'appliquer naturellement à tous les génocides et le TPI nous rappelle que c'est le cas pour ceux perpétrés à Srebrenica ou au Rwanda. Le Grand Génocide Socialiste, 100 millions de victimes comptées, 130 millions quasi certaines et 150 millions plus que probables, doit évidemment faire l'objet du même traitement.

C'est le plus grand massacre d'innocents de toute l'histoire de l'humanité (qui en a connu pourtant de sévères) et malheureusement on compte des victimes encore aujourd'hui (15.000 au Népal tuées par l'ignoble maoïste Prachanda qui a même réussi à s'imposer au pouvoir, des dizaines de milliers de victimes des Farc en Colombie, les exactions du marxiste Mugabe, la répression au Tibet, à Cuba ou en Corée du bord etc.).

Ce génocide gigantesque fait l'objet notamment en France d'une tentative odieuse de maquillage sous l'influence d'un terrorisme intellectuel organisé par le mouvement socialiste toutes composantes réunies. Comme l'a si bien décrit Léon Chaix pendant des années sur le site du Monde .fr, la manipulation s'organise autour de quatre comportements condamnables :

- L'occultation

- La négation

- La minimisation

- L'exonération.

La force du témoignage de Soljenitsyne, c'est qu'il a empêché l'occultation du Goulag et réduit à rien les tentatives de négation, de minimisation et d'exonération. Grâce à lui on sait et de façon indéniable que la révolution bolchévique, avec Lénine et Trotski, et l'Union Soviétique avec Staline , ont massacré systématiquement des millions d' innocents avec parfois les mêmes méthodes que les Nationaux Socialistes allemands (comme le gazage des «koulaks » Ukrainiens, ou la mort en masse dans des camps de concentration) et souvent avec des trouvailles d'une rare cruauté comme les famines organisées liquidant des pans entiers de population comme en Ukraine ou en Chine.

Les mots Goulag et Zek totalement occultés en Occident grâce à la vigilance des socialistes et des communistes de toutes obédiences (notamment trotskistes) apparaissent soudain dans les consciences mondiales grâce à Soljenitsyne, toutes les tentatives précédentes de vérité ayant été étouffées avec succès. C'est un véritable exploit que d'avoir ainsi imposé contre une formidable coalition d'intérêts idéologiques et politiques la connaissance véritable du plus terrible génocide qui ait affecté la planète, au moins en terme quantitatif. Il y fallait une personnalité hors normes.

En réduisant Soljenitsyne à un homme dont « les épreuves traversées forcent l'admiration », vous abaissez votre hommage douteux à sa seule personne. Son épreuve n'est rien par rapport au génocide qu'il dénonce. En en faisant par petites touches un « héros inquiétant » vous aggravez encore l'ignominie précédente.

Qu'espérez-vous donc ? Qu'en rendant suspect un individu vous pourrez occulter son témoignage ? Il semble bien que cela soit votre but. Vous enchaînez aussitôt sur une deuxième diatribe aussi infâme que la précédente. Selon vous les génocides commis au nom de l'instauration violente du socialisme ne méritent aucun devoir de mémoire.

Hommage du vice à la vertu vous ne le dites pas comme cela, ce serait trop clairement honteux. Vous mettez entre guillemets « l'obligation morale » d'un Nuremberg du communisme. Comme vous avez mis entre guillemets votre « héros inquiétant ». Vous évoquez ensuite une « pénible compétition mémorielle et victimaire avec la Shoah ». Pourquoi pas la « pornographie mémorielle » pendant que vous y êtes ? En quoi un génocide peut-il porter ombrage à un autre génocide ? Comment peut-il y avoir compétition entre génocides ? Cette notion est vide de sens. Il ne peut y avoir de bons et de mauvais génocides. Tous les génocides doivent bénéficier de la jurisprudence si bien établie pour la Shoah.

Il est intéressant de noter que vous ne prétendez pas qu'il y a « compétition victimaire » entre la Shoah et les génocides traités actuellement devant le TPI : Srebrenica et Rwanda. Il est vrai que ce sont des « petits » génocides et qu'ils ne portent ombrage à aucun clan et aucune idéologie en France.

Dernière accusation portée contre Soljenitsyne, toujours avec l'air de ne pas y toucher, celle d'antisémitisme.

Soljenitsyne a demandé des comptes à l'idéologie marxiste. De même que l'on cherche les racines idéologiques ou autres de la Shoah il est parfaitement légitime de chercher les sources du Grand Génocide Socialiste ; Marx en est indiscutablement une et la plus importante. En théorisant la nécessité de détruire « la classe dominante » pour permettre l'émergence de la société sans classe, en énonçant que la morale était une « superstructure » générée par la bourgeoisie pour pérenniser son pouvoir, il est en première ligne dans la fourniture des moyens idéologiques du Grand Génocide Socialiste.

On connait l'intensité des efforts faits par certains (comme par exemple J. Attali) pour tenter de disculper Marx. On l'aurait mal lu et mal compris ! C'est tragique et ridicule ! Tous ceux qui connaissent un tout petit peu la mécanique totalitaire mise en place dans les pays communistes savent que Marx a été constamment mis en avant pour donner au socialisme son caractère « scientifique » et justifier qu'on ne s'attarde pas trop sur des scrupules « bourgeois » lors de la destruction des classes dangereuses, à savoir « la bourgeoisie et ses séides ». Il suffit de lire le crédo public des Farc pour remarquer qu'ils se mettent sous la bannière du « marxisme » comme Mugabe et Prachandra. S'en prendre à l'idéologie mortifère marxiste ne peut être considéré comme de l'antisémitisme.

Soljenitsyne a exigé une forme de repentance de la part de la partie de la communauté juive qui a alimenté le communisme et qui en a dirigé une partie des crimes. L'implication directe dans le Grand Génocide Socialiste de personnalités reconnues comme juifs par eux même ou leur communauté, est bien établie. A commencer par Trotski, le premier organisateur et fournisseur du Goulag. Il suffit d'aller dans les anciens pays envahis par l'URSS pour se rendre compte encore aujourd'hui de la rancœur existant contre ceux des juifs qui ont accompagné l'occupation de leur pays par l'URSS et parfois ont  été les rouages des massacres et des épurations ethniques.

Bien sûr l'antisémitisme historique, permanent, toujours aussi fort dans ces pays, est largement la cause de cette rancœur inextinguible. Mais pas seulement. Un exemple ? En Bucovine du Nord récupérée par l'URSS après que Hitler et Staline se soient partagés l'Europe de l'Est, la communauté juive de Cernauti, majoritaire dans la ville, se divise en 1939 entre ceux qui veulent la démocratie, condamnent les exactions, refusent la soviétisation et finalement fuient le pays, et ceux qui non seulement la justifient mais y participent et condamnent leurs coreligionnaires réticents. Les Roumains expulsés ou massacrés dans l'année suivante ne pardonneront pas. Et on trouve là une des explications de la revanche hideuse qu'ils prendront au côté des Allemands dans l'annihilation des juifs de Bucovine dans les effroyables camps de Transnistrie quand l'opération Barbarossa leur redonne le pouvoir en Bucovine du Nord.

Le fait que Staline liquidera en grande partie les juifs de l'appareil soviétique après la guerre ne peut dédouaner ces derniers d'avoir eu quelques responsabilités dans les crimes précédant leur élimination. La demande de Soljenitsyne est du même genre que celle des instances juives qui exigent du catholicisme un devoir de repentance pour l'antisémitisme larvé ou ouvert d'une partie de leur doctrine ou de leur hiérarchie.

Pour notre part nous pensons que l'intervention de la race ou de la religion ou de la nationalité dans les affaires de génocides n'a pas lieu d'être : ce sont des individus et des pouvoirs de droit ou de fait qui commettent les crimes. Et c'est sur la base des crimes individuels que le droit fonctionne. Les Allemands au sens collectif ne sont pas responsables de la Shoah, pas plus que les Juifs au sens collectif et communautaire que peut avoir ce terme ne sauraient être rendus responsables même en toute petite partie du Grand Génocide Socialiste.

 

D'autant plus que beaucoup de juifs se sont opposés et ont condamnés la terreur soviétique, même après en avoir été un moment les compagnons de route à l'instar d'Arthur Koestler. La « révolution culturelle » chinoise dont on sait qu'elle a massacré des dizaines de millions de pauvres gens a été purement intra-chinoise. Le génocide de Pol Pot et ses Khmers rouges ou les massacres du Staline Noir, Mengistu en Ethiopie ne doivent absolument rien à quelque membre que ce soit de la communauté juive. Les condamnations collectives de races, de religions, de peuples, de nations, n'ont strictement aucun sens et doivent être elles mêmes condamnées avec la plus grande fermeté.

En revanche tout groupe organisé dont une partie des membres s'est livrée à des crimes aussi effroyables qu'un génocide doit chercher la condamnation de ceux qui, en leur sein, les ont suscités, justifiés ou pratiqués. C'est vrai pour les Turcs vis-à-vis des actes effroyables commis contre les Arméniens, autant que pour les Français vis-à-vis des chefs de la Collaboration, ou pour la communauté juive vis-à-vis de ses membres qui ont été les adeptes zélés des violences  révolutionnaires marxistes.

On sait que cette repentance là est très difficile et peu populaire. Raison de plus pour l'exiger.

Dans cet esprit, votre article qui ne vise qu'à écarter le témoignage de Soljenitsyne et à éviter que la jurisprudence de la Shoah ne s'applique au Grand Génocide Socialiste, est une mauvaise action.

Votre conclusion qui renvoie le témoignage de Soljenitsyne « à la littérature ou à l'histoire » n'est pas qu'une erreur. C'est une faute. L'actualité du devoir de mémoire ne s'élimine pas d'un trait de plume. D'autant plus que la mémoire des 150.000.000 victimes innocentes du Grand Génocide Socialiste n'est toujours pas honorée, alors que ce serait le devoir absolu de la gauche.

Vouloir enterrer la mémoire de ces victimes avec Soljenitsyne, celui qui les avait sorties du silence et de l'ignorance organisés, est une infamie.

Surtout en France, pays des droits de l'homme. Qu'écririez-vous si on renvoyait Anne Frank à la petite littérature et la Shoah à un épisode marginal de l'histoire ? Non, le Goulag n'est pas non plus un « détail » de l'histoire à enfouir au plus vite loin de l'actualité ! Cette nouvelle tentative d'enterrement, qui vient après tant d'autres, justifie à elle seule que l'on crée au Trocadéro, parvis des droits de l'homme, un Mémorial à ces victimes innocentes mais, on le voit, tellement embarrassantes. Leur mémoire doit être absolument protégée et honorée. Ici et maintenant.

Didier Dufau

NB : vous pouvez accéder au texte de N. Weill en frappant la fonction "télécharger" ci dessous.

Le journal l’Humanité et la mort de Soljenitsyne

Le journal communiste ne peut plus taire, nier  ou minimiser comme il l’a fait pendant des décennies l’ampleur des génocides commis par les mouvements communistes. Il avait craché sur  Victor Kravchenko, le premier à dénoncer officiellement le Goulag, dans les années quarante, nié la responsabilité de L’Urss dans le massacre de Katyn dans les années cinquante,  refusé la déstalinisation jusqu’aux  années soixante, crié sa passion  résiduelle pour Staline par la voix de l’ignoble  Lili Marcou lors de la parution du Livre Noir, et au total  le PVF avait été au-delà de son rôle comme « voix de son maître » soviétique.  Il était instructif de voir comment il allait traiter de la mort de Soljenitsyne.

Bien sûr on verse les plus belles larmes  sur la mort du grand homme : le cœur communiste a toujours été si grand ! Mais on se lance dans deux manipulations :

1.      Assimiler le message de Soljenitsyne à une entreprise  que le Parti communiste a fini par cautionner : la déstalinisation. « Il critique Staline comme nous tous !  Alors son message n’a rien de bien particulier ». Oubliée la dénonciation du marxisme, de la révolution, de Lénine et de Trotski !

2.      Le décrire comme  un russophile exalté pourri par la religion orthodoxe et de plus antisémite.  « Il n’ouvre aucune voie utile pour l’avenir ». 

Il faut donc vite le ranger sur une étagère et surtout ne pas s’appesantir sur ce que Soljenitsyne dénonce : le droit à la mémoire des millions de victimes innocentes ; le caractère intrinsèquement génocidaire du socialisme violent. Soljenitsyne est un témoin pas un messie.

Critiquer le messie pour éluder le témoignage, voilà la stratégie !

Pour pouvoir à nouveau s’arroger  le droit suprême d’être le représentant du bien contre les méchants, le fer de lance des luttes contre l’oppression,  comme si rien ne s’était passé et sans la moindre repentance.  On croit pouvoir surnager en pataugeant dans l’immense flaque de sang avec des gros sabots et des petites combines.

Ce sang est la tunique de Nessus du communisme qui ne pourra JAMAIS s’en débarrasser.  Et Soljenitsyne est l’un de ceux qui ont ajusté étroitement  et définitivement cette tunique sur le dos de ces assassins génocidaires,  pathologiques et impénitents.

Bernard Pivot et les génocides communistes

Bernard Pivot est un excellent journaliste  et un garçon aussi sympathique que pourri de talents.   Ses émissions littéraires ont connu un succès plus que mérité.  C’est pour ces qualités même que la manière dont il a couvert les deux dévoilements majeurs des génocides socialistes est représentative d’un véritable scandale français : la désinformation systématique imposée par le terrorisme intellectuel socialiste en France pendant des lustres, terrorisme toujours vivant  et intégré dans les consciences  (ce dont  témoigne le syndrome de Léon Chaix).

Lorsque l’Archipel du Goulag  de Soljenitsyne frappe comme un Tsunami toutes les consciences du monde, révélant ce qui avait été systématiquement  caché des crimes massifs contre l’humanité commis par les révolutionnaires  rouges puis par l’état oppressif qu’ils avaient créé, il est impossible de ne pas en parler dans une émission littéraire. Il est donc normal que le gentil Pivot s’organise en ce sens.   Il reçoit donc  Soljenitsyne à « Ouvrer les guillemets » en 1973  et conformément aux règles de base du terrorisme intellectuel il lui « oppose » un communiste qui s’était révélé parfaitement abject comme il se doit. La technique : esquiver la question du Goulag pour affirmer les succès inouïs de l’URSS, exemple typique de la séquence « exonération » du syndrome de Léon Chaix. On ne peut plus rien taire, ni nier ni minimiser. Alors on excipe de n’importe quoi pour affirmer qu’après tout cela n’a aucune importance.  L’omelette est bonne dont il est inutile de s’occuper des œufs cassés. L’ennui c’est que les œufs sont des hommes, des innocents et qu’ils ont été tués par millions.

 Lorsqu’il réinvite Soljenitsyne pour l’émission  Il avouera lui-même qu’on lui a à nouveau suggéré fortement d’inviter au moins un communiste dans son émission pour « équilibrer » le témoignage épouvantable de Soljenitsyne. 

Cet aveu est terrifiant. Il confirme ce que la première émission avait déjà révélé. Imagine-t-on un instant qu’on impose un nazi pour « équilibrer » le témoignage d’une victime de la Shoah !  Il ne prendra pas de communiste cette fois là. . Il s’en vante dans le Figaro magazine du 9 Août 2008 en prenant la pose de l’objectivité : la traduction aurait mis Soljenitsyne en difficulté face à un avocat sans scrupule.  Bernard Pivot est un peu hypocrite sur le coup :  il sait qu’il a son alibi « de gauche » en la personne de Jean Daniel, esprit faux et fat du journalisme de tromperie et de propagande socialiste. 

Comme prévu  cet odieux personnage se lancera dans une attaque invraisemblable contre Soljenitsyne  sur des futilités. Pour avoir suivi cette émission, j’ai encore en mémoire la rage  devant cet attentat immonde qui n’avait qu’un seul but, dégonfler la mauvaise impression que pouvait provoquer sur le « peuple de gauche », en pleine union entre le PS et le PCF,  la révélation des crimes immenses commis au nom de l’instauration violente du socialisme.  La diversion fut efficace. On se souvint de la polémique mais pas du fond du sujet. Une méthode souvent retrouvée depuis sur les forums : on fait du tapage autour de la personne qui dénonce les crimes pour éviter de parler des crimes. Et on supprime le fil « pour calmer le jeu ». Ce petit stratagème marche encore très bien aujourd’hui par exemple sur le forum du Monde.

La presse française est ainsi faite que pratiquement TOUS les journaux évoquant  ces derniers jours la mort de Soljenitsyne parleront de cette émission, non pas pour dénoncer l’attitude de Jean Daniel,  mais simplement parce que la polémique avait fait date. Comme si la polémique était l’évènement et la boucherie révolutionnaire une toute petite question accessoire.

Jamais à la télévision ou dans la presse ne seront évoquées précisément  les thèses principales de Soljenitsyne :

-          La responsabilité directe et immense  de Marx et du marxisme.

-          Le rôle néfaste d’une partie de la communauté juive investie suite à Marx dans  le bolchevisme pur et dur, puis  dans le développement criminel de la révolution soviétique

-          La violence intrinsèque du mouvement socialiste dès lors qu’il faut détruire « l’ennemi de classe ».

-          Les crimes immenses commis contre l’humanité dès le début de la révolution bolchevique par Lénine et Trotski. C’est Lénine qui crée les premiers camps de travail où mourront des millions d’innocents.

-          Le lien structurel et non pas accidentel entre Goulag et communisme : les camps sont nécessaires à la dictature communiste et toutes les dictatures communistes en mettront en place.

-          La nécessité de remonter aux racines du crime et pas seulement aux quelques responsabilités individuelles consenties du bout des lèvres. Staline n’est qu’un épiphénomène du crime collectif rouge.

-          Le mensonge permanent et la désinformation systématique  ayant cours en occident, cause partielle mais durable de la perpétuation du crime pendant des décennies dans de multiples pays se réclamant du socialisme réalisé

Pour les représentants qualifiés du « peuple de gauche », être socialiste c’est appartenir au camp des bons ; les autres sont des vilains.  Les 150.000.000 de victimes innocentes n’ont pas à peser sur cette affirmation centrale.

Toutes les autres émissions de Pivot avec Soljenitsyne seront exclusivement littéraires.  Pas question d’encourir le risque de passer pour un « fasciste » et d’être exclu de facto de la scène  médiatique.

Lors de la parution du second livre majeur sur les génocides massifs commis au nom de l’instauration rapide du socialisme, le Livre Noir du Communisme,   Pivot évitera de risquer à nouveau les foudres de ceux qui considéraient qu’il eût du intégrer un communiste sur son plateau.  Les deux auteurs du livre seront littéralement livrés à un tribunal communiste conduit par le secrétaire du PC lui-même ! Et le thème de l’émission, selon l’astuce de propagande mise au point par la petite camarilla en charge du « bien penser de gauche » dans les media, ne sera pas les génocides socialistes d’une ampleur effroyable  révélés par le livre d’une façon irréfutable, mais un différent marginal entre Courtois et Woerth, les deux auteurs principaux du livre…

Ce différent sera d’ailleurs le thème de toute la couverture du livre dans la presse et pas seulement de gauche, la droite sous influence jouant le jeu à fond comme d’habitude, toujours par peur d’être traitée de pétainisme  larvé et de fascisme militant.  Nous avons dénoncé cette manœuvre grossière en temps réel sur le forum du Monde à l’époque au prix de réactions sauvages des internautes socialistes (et pas seulement communistes) qui considéraient cet espace comme le leur.  Nous fûmes … les seuls !

Encore une fois, imagine-t-on qu’on invite les suppôts d’Hitler et de Goebbels à chaque fois qu’un livre parait sur la Shoah  et accepterait-on qu’à chaque fois on laisse le digne représentant du nazisme se lancer dans des manœuvres bassement polémiques visant à déconsidérer les auteurs ? 

Le seul fait qu’on ait pu commettre  à répétition cette indignité en France sur un sujet aussi grave que les génocides commis au nom de l’instauration rapide et violente du socialisme  en dit beaucoup sur notre société.  Et le message est aussi ignoble que clair. La domination idéologique et politique des différents courants marxistes dans les media empêche que toute la vérité soit dite sur l’ampleur des crimes contre l’humanité commis au nom de « la cause » et leur origine idéologique marxiste. Les séides de cette idéologie criminelle ont encore le pouvoir de faire  taire un journalisme libre sur ces questions.  La peur a été intégrée dans les pratiques journalistiques. Pas question de prendre le risque d’être disqualifié par les monteurs de piloris rouges.

C’est toujours vrai aujourd’hui : il suffit de constater comment le terrorisme des Farc ou des  maoïstes du Népal ou de Mugabe a été couvert ses dix dernières années pour vérifier que le terrorisme intellectuel socialiste fonctionne encore très bien, à la grande honte  de tous ceux qui se placent dans une perspective de gauche et qui croient que la France est la terre des droits de l’homme.

Rappelons que les génocides socialistes issus des doctrines de Marx, Engels, Lénine, Trotski et les autres, repris et étendus par Staline, Mao, Ho chi Minh, Mengistu, Pol Pot, et toute la bande des criminels qui se sont appuyés sur  les doctrines socialistes pour décimer leur peuple,  forment le plus grand crime contre l’humanité de toute l’histoire des hommes.  Cent millions de victimes innocentes comptées sans le moindre doute,  cent trente millions pratiquement certaines, cent cinquante millions plus que probables quand toutes les sources auront été recoupées !  Et il faudrait s’excuser de critiquer cette infernale boucherie  et accepter que jamais l’image immaculée du socialisme n’en sorte quelque peu rougie, ne pas « jeter de cadavres sur le rêve des masses », « ne pas désespérer Billancourt » ?

Allons donc ! Tous les socialistes qui croient encore que la solidité du réseau tissé dans les media et dans l’Etat  permettra longtemps d’empêcher la mise en accusation du socialisme marxiste et du révolutionnarisme rouge au tribunal de l’histoire et de l’opinion se trompent lourdement.  Jamais la jeunesse et l’opinion une fois éclairées ne laisseront cette ignominie perdurer.  Et c’est avec mépris qu’on se rappellera cette période lamentable de l’histoire de la France, aussi lamentable que l’épisode de l’occupation nazie,  où les forces dominantes de la France ont été du côté du génocide et non pas des libertés et de la vérité, du côté des bourreaux et non pas des victimes innocentes.

Soljenitsyne est mort : sa leçon reste vivante !

Alexandre Soljenitsyne est mort ! Sa leçon reste vivante, plus que jamais.

 

Aujourd’hui sur France Inter, tôt ce matin,  on interviewe un proche de Soljénitsyne. Il dit : « il est le premier à avoir fait  prendre conscience au monde entier de l’ampleur des crimes contre l’humanité  commis par Lénine, Trotski et Staline ».  Tête de l’interviewer habitué à ce que la liste des criminels s’arrête à Staline. Cette simple phrase dit tout sur les mauvais traitements médiatiques qu’a subi Soljenitsyne en France.   Il y était de bon ton de considérer qu’il n’y avait eu de crimes que staliniens. Lénine et Trotski ? Des héros révolutionnaires au cœur pur et sans la moindre tâche sur leur lin blanc de révolutionnaire rouge.

Et voilà que « ce demi fou » de Soljenitsyne leur enlevait leur couverture commode.  C’est bien l’idéologie complète de Marx à Engels et de Engels à nos trois premiers grands  criminels rouges qui était la source du mal et qu’il fallait éradiquer.  L’archipel du Goulag, c’était la fin d’un énorme mensonge.  La fin d’une occultation volontaire des pires crimes contre l’humanité.  La fin d’un négationnisme honteux puis d’une minimisation  lamentable, cherchant à réduire à la sauvagerie de Staline ce qui était le fruit  direct d’une doctrine génocidaire : le socialisme violent.

 Avec Soljenitsyne pas de possibilité non plus de s’échapper par des exonérations faciles. L’occident n’était pas dédouané.  Une part de la responsabilité dans le massacre incroyable qu’aura été toute l’histoire du « socialisme réalisé » revient à l’Occident et à ses intellectuels qui se sont révélé des complices actifs ou passifs.  On voit tous les jours que cela continue « ici et maintenant » : Les Farc, Mugabe,  les maoïstes du Népal, la volonté absolue de cacher toujours et encore l’ampleur des massacres, le refus du terme de génocide, les campagnes pour que les tueurs des différents mouvements de terreur rouge des années 70 et 80 ne soient pas condamnés ou immédiatement libérés,   tout témoigne qu’il ne doit pas y avoir de « devoir de mémoire »  pour les victimes du socialisme génocidaire.

Justement Soljenitsyne, c’est le devoir de mémoire incarné.  Comment y échapper ?  

Une première manière est de l’enrober dans le sucre de la valeur littéraire.  Au fond ce serait un réactionnaire gâteux  dont tout n’est pas à prendre au sérieux mais quelle littérature !   On connaît la musique quand on pense à Céline : innommable mais quel talent !  Ou à Sartre : bien sûr c’est un « salaud » au sens où il entendait ce mot, mais il y a eu « les mots » et quel théâtre !  

Une seconde manière est de ridiculiser le bonhomme, ses grands airs de Saint prophétique,  son nationalisme étroitement « pro russe »,  son christianisme cucul etc.  La méthode ne date pas d’hier. L’indéfendable Jean Daniel s’y était essayé lors d’une émission de Pivot à la télévision.  Il avait littéralement craché à la figure de Soljenitsyne qui venait tout juste d’être expulsé de Russie.  Qui c’était ce « clown caricatural » qui remettait en cause la bonté intrinsèque du socialisme  même dans ces formes les plus violentes et destructrices d’humanité ?   Depuis l’inénarrable prétentieux qu’est Jean Daniel a montré un peu de contrition. « Nous avons sans doute un peu vite sanctifié certains mouvements révolutionnaires ».  Sans doute. Sans aucun doute.

Et le gentil Pivot a laissé faire.  Pas question de passer pour un « fasciste ».  On ne pouvait  éviter Soljenitsyne, mais avec le cordon sanitaire qu’il fallait ! On verra la technique à nouveau en pleine action à la sortie du  « Livre noir ».  On se dédouanera plus tard  en allant voir le maître seul à seul au Canada pour ne parler que… littérature.

Soljenitsyne, c’est le symbole d’une certaine mauvaise conscience de l’Occident.  Pas seulement l’occident socialiste,  celui qui croit qu’il n’ya pas d’autre morale que celle que la praxis des masses heureusement conduites par des intellectuels engagés et accouchant de l’histoire éventuellement au forceps et au prix d’effroyables génocides.     Mais d’une certaine  façon celle de tout l’Occident qui nie la force de la conscience et du destin unique d’une humanité en lutte contre elle-même pour aller vers le meilleur d’elle-même, de tout l’occident qui se fourvoie dans le culte d’icônes délétères, comme le veau d‘or,  autant que dans celui d’idéologies monstrueuses déguisées en aimables engagements pour la jeunesse généreuse.  

Le blog en hommage a Léon Chaix

Léon Chaix est un humaniste de gauche qui a donné son nom a un syndrome essentiel a la compréhension de notre temps. Le syndrome de Léon Chaix décrit  la réponse automatique des adeptes du mouvement socialiste confronté a l'ampleur des crimes contre l'humanité commis en son nom :

  1.  L'occultation
  2.  La négation
  3.  La minimisation
  4.  L'exonération.

Tous ceux qui essaient de dénoncer l'occultation,  de démonter la négation,   de se moquer de la minimisation et de rire des tentatives d'exonération  sont évidemment présentés comme < fascistes > et ne sont dignes que des attaques ad hominem les plus basses. 
Léon Chaix et son ami Didier Dufau ont pendant des années commenté en temps réel sur le forum du journal le Monde les exemples de ce syndrome,   montrant  au jour le jour comment il s'appliquait aux révélations du Livre noir, aux crimes des Farc qu'ils furent longtemps les seuls  a évoquer et a condamner, a ceux du sinistre  Mugabe ou de l'ignoble < Prachandra > le tueur en série du Népal.  Le combat continue ici !

 

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