Un article remarquable de Simone Weil et d'Hubert Falco

"Nous sommes allés au mémorial d'Holodomor à Kiev parce que la mal n'est pas mort. La mémoire du génocide commis en 32-33 contre les paysans ukrainiens doit être sans cesse ravivée dans nos consciences.
Par Simone Weil et Hubert Falco

Mercredi 27 janvier, 180 Français, parlementaires, responsables de fondations et associations de mémoire, anciens déportés, enseignants et lycéens, journalistes, étaient à nos coté , en délégation officielle à Kiev.

Pourquoi ? Pourquoi exposer encore nos anciens au froid sibérien et aux souvenirs plus glaçants encore ? Tout n'a-t-il pas été dit ? L'œuvre de transmission n'est elle pas achevée ?

Non croyons nous. La mémoire d'Holodomor, la famine génocide qui a fait disparaître en deux ans près de 4.000.000 d'innocents, hommes, femmes et enfant réunis, dans les conditions les plus atroces, n'a jamais été honorée. Jamais. Un génocide socialiste ne peut pas être honoré en France. Alors nous disons que la mémoire d'Holodomor se doit d'être avivée dans notre conscience  nationale et dans la conscience universelle des hommes comme la marque indélébile du Mal Absolu. Au cœur du vivre ensemble il y a le rejet des idéologies de la haine. Au delà des discours il faudrait que chaque citoyen aille une fois dans sa vie se recueillir en silence devant la stèle où figure le nom des 12.000 villages ukrainiens affamés à mort et rayés de la carte. Ecouter les survivants ? Il ne le pourra pas : il n'y a pas eu de survivants.

Nous sommes allés à Kiev ensemble parce qu'en deux ans , plus de 4 millions de femmes d'hommes et d'enfants  furent exterminés par la famine. Parce qu'il y eut jamais de crime plus odieux que dans ces villages cernés par l'armée et dont la population a été privée de nourriture jusqu'à ce que mort s'en suive.  C'est pour cela que les 12.000 villages devraient être globalement inscrits au patrimoine de l'humanité par l'Unesco et que l'ONU devrait choisir une date pour commémorer les victimes d'Holodomor.

Nous sommes allés à Kiev parce que le temps presse. Malgré l'inlassable dévouement des associations témoignant sans relâche auprès des jeunes générations, auprès du grand public, le temps fait son œuvre qui épuise les forces des plus vaillants et éclaircit les rangs des plus anciens.

Ce déplacement dit la volonté de l'Etat, des grandes fondations de mémoire et de la communauté éducative de poursuivre le devoir de mémoire.

Nous sommes allés à Kiev parce qu'il s'agit pour nous Français d'un haut lieu tragique de la mémoire nationale. C'est au nom de la violence de la révolution française que ce génocide a été conduit. Des Français couvraient de leur talent et de leurs poèmes la plainte des mourants. Aragon chantait la Guépéou qui faisait couler un sang pourri et permettait la renaissance du monde.  Nos intellectuels chantaient la gloire du génocide socialiste, nous en faisant les complices admiratifs. Nos écrivains, nos politiciens revenaient d'Ukraine et mentaient comme des arracheurs de dents. La famine n'existait pas. Et on ne crée pas le socialisme réel sans casser des œufs.  Nos gouvernements n'ont rien dit alors qu'ils savaient tous et qu'il savait tout.

Evidemment la France n'a pas financé  les dépenses nécessaires à la perpétuation du souvenir et l'Europe s'est bien gardée de faire quoi que ce soit. Malheureusement il y a les bons et les mauvais génocides.
Nous sommes allés à Kiev parce que le mal n'est pas mort. Les tentatives permanentes et rampantes  de révisionnisme  exigent de nous constance et détermination. Nous nous y employons conjointement.  La France s'est engagée dans une œuvre de longue haleine  pour protéger la mémoire des victimes des grands génocides socialistes tant ce combat est lié à la pérennité de notre démocratie, tant il exige une mobilisation collective contre toutes les formes d'intolérance.

A travers ceux qui furent assassinés par les socialistes soviétiques  pour la seule raison d'être nés qu'ils soient koulaks ukrainiens dans leur grande majorité, mais aussi kazakhs, biélorusses, ou russes ou parce qu'ils s'étaient dressés contre la barbarie communiste, ou pour tous les motifs fallacieux de la barbarie et de l'intolérance, c'est l'humanité qui a failli disparaître à tout jamais.

Nous sommes allés à Kiev parce que nous travaillons ensemble sur le terrain. Ensemble nous mettons en œuvre dans les collèges dans les lycées, les musées, la transmission de la mémoire qui est un des fondements de notre nation. A titre d'exemple le concours national de la résistance aux génocides socialistes  que n'organise pas chaque année le ministère de l'éducation nationale n' a suscité  la participation de personne. Nous le regrettons infiniment. Il va falloir s'y mettre.

Ensemble nous n'oublierons jamais."
Fin de l'article
Evidemment cet article n'a pas été publié en page 16 du Monde daté du vendredi 29 janvier 2010. Il s'agit d'un article sur la Shoah que nous avons légèrement retouché.  On peut massacrer des millions de personnes s'il s'agit de socialisme. Il n'y a plus de victimes ; plus d'innocents ; plus de devoir de mémoire ; plus de fondements de la nation. Il n'y a que le silence. Simone Weil avait dit lors d'une émission de télévision où on lui rappelait que des femmes et des enfants avaient massacrés dans les pays Baltes : je ne savais pas. Désormais elle sait. Et elle se tait. M. Falco n'a jamais répondu à la demande de l'Ukraine de voir Holodomor, la Shoah socialiste,  reconnu par la France. "Ensemble nous oublierons toujours" semblent-ils penser.

Mais peut être n'avons nous rien compris et qu'à la prochaine occasion ils vont prendre ensemble à nouveau la plume. Notre légère adaptation les convaincra sans doute qu'ils peuvent reprendre leur texte en en changeant peu de chose.

Ils vont le faire, c'est sûr ! La France est le pays des droits de l'homme, non ?

Vous avez dit "fasciste" ?

Peu de personnes savent quand est née l'expression "fasciste" dans son acception d'injure  diabolisante acceptée par toute la gauche, subvertie par le socialisme et les idéologies du rapport de force, par opposition  de la gauche des droits et de l'intelligence  symbolisée par Voltaire. 

Après 1928, quand les dirigeants du CCUS décide de réaliser le socialisme dans un seul pays au prix d'un plan d'industrialisation dément et la disparition des koulaks en tant que classe, on aboutit au plus grand désastre économique possible en même qu'un génocide épouvantable, notamment en Ukraine, allait décimé des millions de personnes.

Au lieu d'acter le génocide et le désastre, la propagande insensé de l'Union Soviétique fête l'incroyable succès du socialisme, désormais entrain de rattraper en quelques années le capitalisme en voie d'effondrement, et tait le premier génocide réalisé en tant de paix. Un appareil de propagande fantastique met en place ces relais dans tout l'occident pour porter ce double mensonge.

En mêm temps Hitler et les nazis prennent le pouvoir en allemagne. L'occident tente l'alliance avce l'URSS pour contenir le péril brun. En même temps Staline lance le rapprochement entre PC et socialistes démocratiques honnis (appelés jusque là les socio-fascistes). 

Du coup la contestation des succès bidon de l'URSS et la dénonciation des génocides qui y sont commis à l'époque  n'est ,plus tolérable : seules des fascistes peuvent avoir des intentions si peu louables. 

De cette date, en un mot 1934, l'accusation de fascisme portée contre tous ceux qui contestent le communisme et ses oeuvres devient le langage commun de la gauche sectaire. 

La guerre de 40, qui fait de l'URSS un "allié" et la Shoah  qui montre à quelles extrêmités pouvait conduire le nazisme  a un effet amplificateur. La droite française, c'est Pétain, Pétain c'est les nazis ; les nazis c'est la shoah; la droite c'est la shoah, CQFD !  Contester les génocides commis au nom du socialisme réalisé et d'une façon plus générale être de "droite" vous rend justiciable de l'accusation finale : fasciste. 

La peur d'être traité de fasciste et d'être exclu du champs des inllectuels ayant le droit de s'exprimer dans les medias, les universités, l'édition devient une dimension pérenne de la vie intellectuelle dans le modne entier et tout particulièrement en France.

L'intimidation et le terrorisme intellectuel socialistes sont intégrés même à droite où les journaux et périodiques prennent bien garde de ne rien écrire qui pourrait aviver l'ire des dénonciateurs.

On connait le résultats : des décennies de mensonges et de silence sur les crimes les plus vils du communimes ; une information totalement biaisée sur les différents mouvements criminels du moment (Farc, Mugabe, les maoistes du Népal etc.). Partout et tout le temps, dans la presse et jusque dans les manuels scolaires l'occultation, la négation, la minimisation  des évènements les plus criminellement  honteux  commis par des mouvements se réclamant de la "gauche", définie comme le bien sacré et la droite, cette ordure anormale qui flotte encore à la surface du globe.

En un mot, depuis 75 ans, toutes les valeurs traditionnelles de la gauche voltairienne, les droits de l'homme, le respect de la vie, le droit à une existence libre et à l'exercice des libertés, sont contrefaites et trahies par une gauche subvertie par le socialisme et qui ne croit plus qu'au rapport de force.

Ce mur de verre de "l'antifascisme" instrumentalisé contre les démocrates et les tenants de la gauche traditionnelle est plus dur à démolir que le mur de Berlin.

Il a été craquelé par l'émancipation des pays victimes de l'URSS. Les génocides sont maintenant publics et les peuples réclament justice. Tous les efforts  pour cacher la vérité sont vains. Le socialisme bolchevique  et ses succédannées a bien commis des génocides à répétition et violé tous les droits des gens et des peuples pendant des années et continuent à le faire.

La "jurisprudence" politique et médiatique de la Shoah s'applique de plus en plus au socialisme révolutionnaire.  En dépit de la force de ses réseaux l'antifascisme dévoyé ne peut plus faire face à la montée des réclamations légitimes des peuples et des consciences.Les socialismes violents, qu'il s'agisse du national socialisme ou des socialisme marxcistes léninistes finiront dans les poubelles de l'histoire dans le mépris général.

Mais que les progrès sont lents.  Deux évènements récents montrent à la fois que "cela change" mais que "cerla ne change pas" pour beaucoup.

Le Monde écrivait récemment un article sur la protestation au Chili de grands intellectuels ostracisés et diabolisés parcequ'ils refusaient de continuer de jouer selon les catégories mentales du socialisme violent. Traités de "fascistes" par des abrutis genre garde rouge ou garde rose, ils se rebiffent   et disent non à la continuation  de cette forme putride de faire de la politique née au moment où il fallait cacher les millions de victrimes de la dékoulakisation.

Un socialiste français au parcours sinueux, Vincent peillon, organisait avec fourberie et l'aval de sa patronne (Martine Aubry, Ségolène royal ayant été jeté aux oubliettes de l'histoire) une mise en scène grotesque et fourbe pour faire parler de lui en trompant les organisateurs d'une émission de la télévision publique.  Premier mot employé :  fascisme ! Il n'aurait pas voulu être ciomplice d'une émission fasciste ou mettant en scène le fascisme. L'aggrégé de philosophie est en même temps l'aggrégat  de l'imposture historique de l'antifascisme postural. Et hier sur la 2 il a fallu que Jospin lui même, ou Lionel, on ne sait plus trop, rectifie : il n'y a pas de fascisme en France aujourd'hui et même le FN s'inscrit dans la république.

La dérive injurieuse de l'antisfascisme politicien post soviétique conduit les plus hautes consciences du Chili à se rebiffer  et  "au grand honnête homme du PS" a faire des rectifications douloureuses (après tout le FN est bien ce qui se rapproche le plus de l'idéologie douteuse du fascisme). 

C'est bien le début de la fin pour l'antifascisme et le terrorisme intellectuel dont il a été le moyen pendant tant d'années. 

Le peuple de gauche mythique uni dans l'antifascisme, seul représentant du bien sur terre, dont chacun des membres se croit investi de la défense collective et se balade avec son petit flacon d'huile de ricin et son gourdin, pour faire règner l'ordre  vertueux et la communion socialiste  s'avère être  non seulement une farce grotesque   et une imposture mais l'ennemi des valeurs de la gauche du temps des lumières. 

L'arrogance méprisante des menteurs bien intentionnés qui croient devoir cacher les génocides, les atteintes perpétuelles aux droits de l'homme, l'injustice sociale poussée jusqu'au meutre de masse, pour ne pas "despérer" un Billancourt entièrement embourgeoisé, vit ses derniers soubresauts. 

Nous disons à tous ceux qui dans les medias ont une conscience et pas seulement une envie de faire prospérer leur carrière ou simplement survivre : exprimez-vous en fonction de ce que l'on sait de vrai et de juste et non pas en fonction de la peur que vous inspire la crainte de ne pas être dans la meute ou d'être osctracisé comme "fasciste". 

Il dépend de votre courage et de votre liberté que le mur de la honte qui pèse encore sur votre parole s'effondre définitivement.

 

Les enfants oubliés des génocides socialistes

Dans l'esprit de négation et de minimisation qui entoure les génocides socialistes en France, on a tendance à éviter la question de la déportation et de l'extermination des enfants. Incidemment une émission de télévision sur Arte, le 16 décembre 2009, montrait un camp du goulag dont la mémoire était conservée par une association humanitaire Russe de grande importance : Mémorial. Une dame montrait une sorte de bois  bosselée sous la neige et expliquait que chaque monticule était un charnier et que l'un d'entre eux avait livré cette sinistre réalité : 700 corps d'enfants morts en déportation ; pour l'essentiel des enfants de koulaks ukrainiens.

Les enfants de koulaks ukrainiens sont morts par centaines de milliers : ils sont morts pendant le transport en Sibérie ou en Sibérie. Ils sont morts de faim en Ukraine  le long des routes ou dans les villes où ils s'étaient réfugiés. Ils sont morts agressés et mangés par des adultes conduits au bout de l'inhumanité par la faim. Ils sont morts de faim ou de typhus dans ce qui restait de leur famille à l'agonie.  

Les Français sont sensibilisés à juste titre  aux martyrs des  dizaines enfants juifs d'Ysieu, assassinés sans pitié par la barbarie du national-socialisme. Il y eu en Ukraine entre 1932 et 1933 douze mille Ysieu simultanément ! Douze mille ! Et il ne faut surtout pas le dire.

Des centaines de milliers d'enfants sont morts en Ukraine pour que se réalise le socialisme, qui n'avait pas besoin d'eux, qui étaient "souillés irrémédiablement par l'esprit bourgeois indécrottable de leurs parents". La vie d'un enfant de koulak ne valait rien. Comme la vie d'un koulak et de sa femme ne valaient rien. Comme la vie d'un individu ne valait qu'en fonction de son adéquation au projet socialiste, nouvelle idole qui comme le Dieu Bââl, exigeait qu'on immole en son nom des milliers de gamins n'ayant rien connu d'autre de la vie que ce que le socialisme marxiste léniniste leur offrait : une mort abjecte dans un sinistre cimetière de l'humanité fourvoyée. 

Qu'on se rappelle ces centaines de milliers d'enfants lorsqu'on évoquera la question d'un mémorial aux victimes innocentes des génocides socialistes.

Une histoire falsifiée enseignée à nos enfants

Un des exercices consternants que l'on peut faire aujourd'hui est de parcourir les manuels d'histoire imposés à nos enfants par leurs professeurs de lycée ou de collèges et de rechercher la manière dont la famine génocide organisée en 32-33 par la direction soviétique  notamment en Ukraine est présentée aux élèves.

On sait que ce génocide planifié, organisé, intentionnel, avait pour but d'une part de casser définitivement la résistance nationaliste ukrainienne dans le cadre du socialisme dans un seul pays, et d'autre part d'éliminer une classe sociale considérée comme incapable d'accepter le régime socialiste et donc irrécupérable.

Connue désormais sous le nom d'Holodomor, cette famine  est le premier grand génocide organisé en temps de paix. C'est un des plus grands crimes collectifs  de l'histoire du XXième siècle. Les hommes, les femmes et les enfants  classés "koulaks" seront exterminés sans pitié par millions.  Le bilan de ce massacre planifié explicitement et mené par 140 à 160.000 miliciens ou activistes pendant plus de deux ans  atteint  selon les sources entre 3 et 7 millions de morts, soit à peu près l'équivaent de la Shoah.

Les ordres explicites d'extermination sont connus. La confiscation de toute ressource alimentaire et l'enfermement dans des villages totalement coupés du monde des populations sacrifiées ont été conduits de façon explicite par les autorités, sans cacher aux cadres responsables qu'il fallait être radical et sans pitié et que l'objectif était l'élimination pure et simple.

La population de 12.000 villages ainsi encerclés et dépouillés de toute ressources disparaîtra en totalité.

Ce génocide perpétré de sang froid afin d'assurer "la victoire définitive du socialisme" est sans doute avec la Shoah l'abomination  qui interpelle le plus toutes les consciences  mondiales éprises d'humanisme et de justice. Car ce génocide sera un modèle qui sera reproduit ailleeurs, en Corée, en Chine, au Cambodge, en Erythrée, selon les mêmes modalités et pour les mêmes raisons. 

Au nom du "plus jamais cela" il importait et il importe toujours que cette ineffable horreur soit connue et méditée, notamment par les élèves.

Eh bien non ! En France, ce génocide est caché, occulté, maquillé, travesti, minimisé.  Les élèves français ne doivent pas savoir qu'il y a eu une Shoah socialiste et surtout ils ne doivent pas en tirer la moindre leçon.

Les deux livres cités ci dessous ne sont pas choisi de façon maligne : ils sont extraits de la bibliothèque des manuels de mes deux enfants qu'on leur a imposé d'acheter lorsqu'ils étaient  élèves au lycée Henri IV.

Le premier est : Le siècle des excès de 1870 à nos jours de Touchard, Bermond, Cabanel et Lefevre, nouvelle édition "tout sur le XXème siècle" au PUF.

Un génocide de 5 à 7 millions de personnes ne saurait manquer d'y figurer en bonne place. Le livre de 698 page consacre  exactement 1 (une) ligne au génocide :

"L'Ukraine est ravagée par une terrible famine durant l'hiver 31-32". 

On sait que la famine a commencé dès 31 et qu'elle a atteint son pic d'extermination en hiver 33.  La loi des 5 épis ? Non citée. La confiscation des ultimes ressources des paysans ? Non citée. Le passeport intérieur et l'interdiction faite aux villageois de circuler ?  Non citée.

Un ravage est arrivé, on ne sait ni comment ni pourquoi  en Ukraine. Ce n'est pas une opération politique, encore moins un crime. Tout juste un "désastre économique" temporaire auquel il sera remédié ; ce n'est pas une élimination planifiée mais un simple "nivellement social"  rendu obligé par la transformation en profondeur des mentalités, si on en croit les quelques lignes de commentaire portant elles sur l'ensemble de la politique de collectivisation.   Inutile de s'attarder plus avant.

Du beau travail d'historiens escamoteurs en réunion.

L'autre livre est l'Histoire du XXème siècle, tome 1, 1900-1945, de Serge Berstein et Pierre Milza.Sur les 488 pages  on trouve tout de même quelques lignes (page 341)  sur cet immonde génocide appelé à se répliquer.

"La façon brutale dont la collectivisation est réalisée entraîne la résistance des  paysans. La désorganisation ds campagnes, la faible motiviation des paysans, le manque d'outillage, et d'engrais, entraînent la diminution de la production des céréales, faisant réapparaître la famine qui atteint tout le pays en 32-33".

De quel pays s'agit-il ? Ce n'est pas dit. On imagine que l'auteur veut dire "l'union soviétique". Auquel cas c'est un mensonge éhonté. Le gros de la famine touche l'Ukraine et le Kouban, et quelques régions de la Volga (l'extermination des cosaques répoindant à d'autres mécanismes). Cela s'appelle "noyer le poisson".  Surtout ne pas aborder la question de la mise au pas d'une nation de paysans dont 25% de la population sera tué et remplacé par des russophones.

La brutalité de la collectivisation n'entraîne pas la famine, mais la résistance des paysans. Ah les idiots, ils se sont tués tout seuls. Ce n'est pas la première fois qu'un génocideur accuse le génocidé d'être la cause de son propre malheur, mais il est rare de voir la thèse développée dans un livre d'histoire à l'attention des élèves des lycées et des collèges. Salauds de Koulaks pas motivés !  C'est de votre faute si vous êtes morts ! Surtut les enfants !

Vous avez provoqué la diminution de la production et vous en êtes morts. Les réquisitions abusives ? Le fait que la production a toujours été exportée en masse en 32 et 33 ? L'organisation politique et militaire du massacre ? Pas un mot. C'est une famine spontanée liée à la résistance des paysans  et à des aspects techniques secondaires : manque d'engrais et de machines par exemple.

Imaginons un  professeur de lycée expliquant que la shoah est de la faute des juifs et que c'est leur résistance et le manque de savons qui ont imposé les chambres à gaz. Il coucherait en prison. Très légitimement.

Mais on peut tuer des millions d'ennemis du peuple et de koulaks et expliquer benoitement que c'est de leur faute ou tout au plus celle d'un petit accident de gestion.

Evidemment pas un mot ni sur la loi des 5 épis, sur le passeport intérieur, sur l'encerclement des villages privés de toute possibilité de mouvement. Pas un mot sur les ordres donnés et l'organisation mise en palce pour faire mourir en Ukraine notamment des millions d'innocents, hommes femmes et enfants, dans ces conditions atroces. 

A ce point ce n'est plus de l'histoire mais de la falsification historique honteuse et quasiment de la complicité morale de génocide.

Voilà où on en est en France, patrie supposée des droits de l'homme : une histoire falsifiée et malhonnête visant à ce qu'on ne vienne pas fourrer son nez et son coeur dans un génocide immonde mais estampillé "socialiste".

Ce livre immonde est paru chez Hatier.  Pas dans un appentis de la société des amoureux des génocides socialistes. En 2007, pas en 1934.

Un enseigement officiel de cet acabit dans les meilleurs établissements supposés du pays, cela fait frémir.

Quelle honte mais quelle honte ! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Témoignages sur le premier grand génocide planifié en temps de paix

Puisqu'en France le sujet est tabou, donnons ici les témoignages importants de personnalités incontestables sur le premier grand génocide décidé et planifié en temps de paix du XXième siècle : la liquidation de million de paysans en Ukraine en 32-33.  Pour qu'on ne puisse pas dire : on ne savait pas !

Extraits de la lettre adressée par P. Blonski au camarade Kantorovitch, Commissaire du peuple à la Santé de la RSS d’Ukraine

« En tant que médecin, je connais bien la situation dans le district de Zvenigorod et les districts avoisinants. Quant à celle qui règne ailleurs, j’en entends longuement parler par des témoins. En bref, la situation actuelle est proprement épouvantable. La pauvreté est incroyable, la famine généralisée, la mortalité massive. Près de 30 % de la population est amaigrie ou gonflée. La natalité est réduite à néant. Le cannibalisme, la nécrophagie sont devenus des phénomènes courants. On ne voit plus dans les villages de chiens ou de chats - tous ont été mangés. La criminalité a pris des proportions incroyables. La faim conduit les gens à commettre des crimes inimaginables il y a encore peu de temps. Je ne parle évidemment pas du fameux « vol des épis ». Tous (et pas seulement les paysans) sont devenus des voleurs par nécessité, ou plus exactement à cause de la faim. La mendicité est générale. Un nombre incroyable de gens sont devenus des « spéculateurs » ou des « gens vivant de l’air ». Les arrestations sont légion. On manque de prisons. À Zvenigorodka, on vient d’ouvrir ces jours-ci la vieille prison, qui ne fonctionnait plus depuis huit ans. Les tribunaux condamnent à la pelle. Un grand nombre de gens arrêtés meurent de mauvais traitements au poste de police. Au cours de la seule année 1932, plus de 10 000 personnes du district ont fui vers diverses régions de l’URSS. Il y a énormément de maisons et d’exploitations vides ; dans les rues errent des gens amaigris ou gonflés. En un mot, la situation est pire qu’après une invasion ennemie, un siège, une catastrophe naturelle.

On a fait quelque chose pour lutter contre la famine l’an dernier, mais ce que l’on faisait, c’était uniquement par « voie non officielle ». On ne pouvait pas parler de la famine, c’était « inconvenant ». À cause de cette « inconvenance », fort peu a été fait. Cette année aussi (au moins jusqu’au début du mois de mars), parler de famine était pratiquement « contre-révolutionnaire ».

Les organisations locales (de district et de région) ne peuvent s’en sortir, dans la lutte contre la famine, sans un soutien massif du Centre. L’insuffisance notoire de l’aide alimentaire, le retard avec lequel elle parvient ici constituent autant d’obstacles à une intervention efficace. En attendant, le silo de Zvenigorodka regorge de céréales, les moulins marchent à plein régime. L’usine de beurre continue de tourner. De même que la raffinerie de sucre à 5 km.

Les responsables locaux ont une « théorie » politique néfaste, selon laquelle les affamés sont eux-mêmes responsables de la famine. Ils ne voulaient pas travailler - bon, qu’ils crèvent, on ne les regrettera pas. Avec une « théorie » pareille, il n’est pas étonnant que la « lutte contre la famine » donne des résultats aussi faibles. Cette « théorie » est d’autant plus étonnante dans la bouche de responsables soviétiques qu’elle ne fait que reprendre ce que l’on disait de tout temps, à savoir que celui qui est pauvre ou celui qui a faim est le premier responsable de la situation dans laquelle il se trouve. Or, on sait bien qu’un grand nombre de kolkhoziens ayant accompli de nombreuses journées-travail sont touchés eux aussi. Cette année, des kolkhoziens de kolkhozes ayant bien rempli leur plan sont affamés. Comment expliquer que tous ces « fainéants » sont prêts à partir travailler n’importe où, dans des usines, sur des chantiers, des sovkhozes, des mines, à aller jusqu’à Sakhaline, Batoum, Leningrad ? N’est-ce pas étrange que nos « théoriciens » ne se sont pas posé la question de savoir pourquoi ces gens qui travaillaient si bien la terre ont cessé de la travailler, ne veulent plus la travailler ? Qu’est ce qui a tué en eux le désir de travailler ? Qu’est ce qui les détourne du travail ?

Il y a une attitude impitoyable d’exploitation pure envers les affamés. On les considère non pas comme des gens dans le malheur, mais comme une force de travail qu’il s’agit d’exploiter. On ne lutte pas contre ce fléau qu’est la famine, on ne fait d’effort que pour remettre en état de marche une force de travail. Naturellement, de ce point de vue, un cheval vaut bien plus qu’un homme. Pour la perte d’un cheval on punit, pour la mort d’un nombre incroyable d’êtres humains, c’est la plus totale impunité.
P. Blonski
Source : TsA FSB, 2/11/56/203-205

Le témoignage de Vassili Grosmann

"Je ne veux pas m'en souvenir. C'est trop terrible. Mais je ne peux pas oublier.  Cela chemine en moi et même lorsque la blessure s'apaise elle est toujours là. Une pièce d'acier dans mon coeur, comme un morceau de shrapnell. Une blessure dont on ne guérit pas.

J'étais adulte quand c'est arrivé.  Non il n'y a pas eu de famine pendant la campagne de liquidation des koulaks. Seuls les chevaux moururent. La famine vînt en 1932, la seconde année de l'opération.  Ainsi au début de l'année 1930, nous entreprîmes de liquider les familles de koulaks. Le sommet de cette action vint en février et mars. On les a expulsé de leur maison et de leur région, si bien que quand le moment vint de semer, il n'y aurait  plus aucun koulak pour gêner. Une nouvelle vie pourrait commencer. Tout le monde le répétait : ce serait le grand printemps des fermes collectives.

Il est vrai que notre nouvelle vie commença sans les koulaks. Les paysans furent forcés de s'enrôler dans les fermes collectives. Des réunions se tenaient du matin au soir. Les cris et les injures fusaient. Certains criaient : nous ne viendrons pas. Et, fous que nous étions, nous pensions qu'ils ne pouvaient pas avoir plus tort, car rien n'était pire que l'état de Koulak. Comme nous nous trompions. La hache s'abattit sur eux, petits ou grands, là où il se trouvait.

Le temps de l'exécution par la famine était arrivé.

A cette époque je ne lavais plus les parquets mais était employé comme comptable. En temps qu'activiste du parti je fus envoyé en Ukraine pour renforcer une exploitation agricole collective. On nous expliqua que l'instinct de propriétaire en Ukraine était bien plus fort qu'en Russie. Et que la collectivisation marchait vraiment moins bien là bas.

Moscou avait décrété des quotas de livraison par régions et celles-ci les avaient à leur tour répartis par districts. Les réquisitions demandées au village où j'étais assigné n'auraient pas pu être satisfaites en dix ans ! Au conseil municipal même ceux qui ne buvaient pas se saoulèrent par terreur. Evidemment ces demandes ne pouvaient pas être satisfaites. Du fait de la dékoulakisation, on avait emblavé moins de parcelles et la productivité de ces parcelles avait baissé. Dans ces conditions d'où pourrait bien venir le flot de blé dont on avait promis que les fermes collectives seraient la source ?   

On conclut en haut lieu que si les promesses n'étaient pas tenues c'étaient la faute des Koulaks qui cachaient le blé. Les Koulaks avaient été liquidés mais pas l'esprit Koulak. Ces ukrainiens étaient décidemment des propriétaires dans l'âme.

Qui a signé le décret qui allait imposé le crime de masse ? Car le décret était bien clair : les paysans de l'Ukraine, du Don et du Kouban devait mourir de faim. Y compris leurs enfants. Les ordres étaient de confisquer toutes les semences. Les caves furent retournées, les plafonds fouillés avec minutie. Les grains n'auraient pas été cherchés avec plus d'attention s'il s'était agi de bombes ou de mitrailleuses. La terre fut partout retournée, les jardins potagers entièrement fouillés.  De temps à autre on trouvait du grain qui était alors entassé sans soin, entourés d'un cordon de soldats. L'hiver venu la récolte était détrempée et fermentait. Le gouvernement n'avait aucune bâche pour protéger les grains.

Les pères et les mères voulait sauvegarder de quoi éviter que leur famille ne meure. On leur répondait : "vous haïssez la patrie du socialisme. Vous voulez faire échouer le plan quinquennal. Vous êtes des parasites, des pro koulaks, des rats". Tout fut confisqué. La terreur du lendemain s'installa.

Les mères regardèrent leurs enfants et hurlèrent de peur. Elles criaient comme si un serpent s'était faufilé dans leur maison. Ce serpent s'appelait : la famine qui annonce la mort.  Pas un seul grain ne leur fut donné par le "gouvernement des ouvriers et paysans". On bloqua les routes avec des pelotons de miliciens, ou d'agents de la NKVD. L'armée vin en renfort. Les gares de chemins de fer furent gardées.  Pas un carrefour ne fut laissé libre.  Pas de pain pour vous, messieurs les affameurs !

Les enfants de paysans dans les villages ne reçurent pas un grain. C'est comme cela, exactement comme cela, que les nazis ont enfourné les enfants juifs dans les chambres à gaz : "Vous n'avez pas le droit de vivre, tas de juifs".

Et il fut impossible d'obtenir la moindre compréhension, la moindre compassion. Car ces enfants après tout étaient des enfants soviétiques et ceux qui les affamaient à mort étaient leurs frères soviétiques.

Les villages furent fauchés une à un : d'abord les enfants, puis les vieux, puis la population dans la force de l'âge. Au début on enterra les morts. Bientôt on ne le put plus. Les morts gisaient là où ils étaient tombés, dans les cours de ferme ou dans la ferme elle même. Le silence s'installa. Le village était mort.

Qui est mort en dernier ? Je ne le sais pas. Nous, les administratifs, avions été renvoyés en ville.

Alors qu'ils leur restait un peu de force, les survivants allaient le long des voies de chemins de fer. Ils élevaient leurs enfants mourants vers les fenêtres et criaient : du pain, du pain. parfois on leur jetait quelques quignons. Ils se précipitaient alors sur les miettes, au milieu des tourbillons de poussière levés par le passage du train dont le grondement s'effaçait dans le lointain.

Bientôt ordres furent donnés de fermer les fenêtres et de tirer les rideaux. Il fut interdit de regarder dehors par les fenêtres.

On renforça les gardes mais partout les paysans fuyaient vers les villes. Ils rampaient partout, dans les marais, les bois, les espaces inhabités pour contournés les points de contrôle.  Partout ils rampaient vers Kiev.

Quand le village demeura silencieux. On envoya la troupe faire les semailles. Elle était cantonnée dans des tentes à l'extérieur avec interdiction d'entrer dans le village.  On allégua les risques d'épidémie. La troupe ne cessa de se plaindre de l'odeur pestilentielle qui venait du village.  La troupe fit aussi les moissons.

L'année suivante des kolkhoziens d'Orel, en Russie, furent envoyés au village, contents de se retrouver dans ces terres de tchernoziom si riches, si fertiles, eux qui étaient habitués à leurs terres ingrates."


Vasily Grossman, Forever Flowing, New York : Harper & Row, 1972

Le témoignage de Lev Kopelev

"En décembre 1932 le district de Myrhorod n'avait pas atteint ses objectifs de fourniture de grains. Le comité de l'oblast avait fait venir une délégation de journalistes, représentants  deux journaux : "Le registre socialiste de Kharkov" et  "le travailleur de locomotive", dans les villages en retard de livraison.  Nous étions quatre : deux types de Myrfhorod, un typographe et un imprimeur, et deux de Kharkov, Volodya, mon assistant, et moi.

La mesure la plus extrême dans les lieux de résistance les plus durs était "la confiscation sans discussion". Des kolkhoziens et des membres de la municipalité, dirigés par Vaschenko lui même, fouillaient les masures, les granges et les cours  et emportaient tout : les réserves de graines, la vache, le cheval,  les cochons. Nous fûmes présents, Volodya et moi,  lors de plusieurs de ces  raids dévastateurs. Nous y primes même part : nous avions la pmission de confiance de tenir l'inventaire des produits saisis. Les femmes hurlaient à la mort de façon hystérique en s'agrippant aux sacs. J'entendais les enfants dont les cris faisaient écho à ceux de leurs mères et qui toussaient et  s'étranglaient de sanglots. Et je contemplais le visage des hommes : effrayés, implorants, haineux, dont une partie, saisie de désespoir, sombrait dans une dépression passive  et une autre explosait de jurons avec férocité.    

Je me convainquais moi même de ne pas sombrer dans des sentiments de compassion débilitants.  Nous accouchions d'une nécessité historique. Nous faisions notre devoir révolutionnaire. Nous obtenions les grains nécessaires au succès du plan quinquennal et de la patrie socialiste. Une sorte de rationalisation fanatique me permettait de surmonter mes doutes, les élans de ma conscience ou mes simples sentiments de sympathie, de pitié et de honte. Ce fanatisme n'était pas seulement nourri des écrits des journaux ou des textes de la littérature. Bien plus forte était l'influence de ces personnes qui à mes yeux personnalisaient la justice et la vérité. Tous ces gens nous disaient qu'il fallait serrer les dents, fermer notre coeur,  et obéir coute que coûte aux ordres du Parti et de la direction soviétique.

Je n'ai jamais pu oublier l'hiver des dernières réquisitions, les semaines de la grande famine. J'en ai toujours parlé. Mais je n'ai pu écrire sur le sujets que bien des années plus tard.  Et au fur et à mesure que j'écrivais mes brouillons et les soumettaient à mes amis, mille questions se soulevaient. Des questions pour l'histoire, pour le jour présent, ou simplement pour moi.  

Comment tout cela avait-il été possible ? Qui était responsable de la famine qui avait fait tant de millions de victimes ? Par quelle diablerie avais-je pu participer à tout cela ?

Le 27 décembre 1932 le Comité Central  instituait les passeports intérieurs. Ils étaient destinés aux citadins afin d'aider "au comptage de la population, d'éliminer les populations réfugiées en ville abusivement et de se saisir des éléments koulaks criminels". En fait ces passeports intérieurs créait les conditions administratives et juridiques pour établir un nouveau servage et jeter les fondations d'un totalitarisme d'état comme on n'en avait jamais vu.

Les "éléments" Koulaks s'avérèrent n'être que des paysans ayant quitté leur village sans autorisation explicite de la part des autorités locales. Le passeport intérieur revenait à la législation abolie en 1861 qui liait le serfs à la terre.

Je tombais malade en février 1933. Mon père arriva après une tournée d'inspection à travers les provinces pour préparer la campagne de récolte des betteraves à sucre. Il s'assit, les traits crispés, le visage sombre, les yeux étincelants, comme s'il avait une crise de malaria. Mais il n'était pas émacié. On ne devient pas maigre quand on travaille pour les raffineries de sucre. Père était en colère et me le montra aussitôt : "tout est fait exprès ! Vous comprenez ? Plus aucun grain dans les villages.  Je ne parle pas des coopératives centrales des travailleurs des villes. Les paysans sont en train de mourir de faim. Je ne parle pas des handicapés, des vagabonds  ou des chômeurs américains. Mais des paysans Ukrainiens qui meurent faute de grain. Et mon cher fils a aidé à l'emporter ! ""

Lev Kopelev, The Education of a True Believer. New York : Harper & Row, 1980. (Chapter IX "The Last Grain Collections")

Le témoignage d'Arthur Koestler.

"Voyager dans la campagne était une tragique aventure ; on voyait les paysans mendier le long des gares, les mains et les pieds enflés. ; les femmes élevaient jusqu'aux fenêtres des wagons d'affreux bébés à la tête énorme au ventre gonflé aux membres décharnés. Le spectacle des gares qui se renouvela tout au long du voyage me donna une impression de désastre mais aucune idée de son étendue.  

Mes compagnons de voyage russes prirent la peine de m'expliquer que ces bandes lamentables étaient des koulaks,  riches paysans qui avaient résisté à la collectivisation du pays et qu'il avait fallu nécessairement expulser de leur ferme.  Quand je repense aujourd'hui à ces choses je suis frappé du fait qu'alors nous savions très bien à quoi nous en tenir. Nous connaissions la détresse du pays. Nous pensions que le socialisme triompherait et que cette détresse n'était que passagère. Nous avions ce qui se passait au pays de la révolution mais nous défendions quand même le pays de la révolution.  

Mon idée de la Russie avait été formée toute entière par la propagande soviétique. C'était l'image d'une super Amérique engagée dans l'entreprise la plus gigantesque de l'histoire, bourdonnante d'activité, d'efficacité, d'enthousiasme. La devise du premier plan quinquennal avait été de rattraper et de dépasser l'Occident. Cette tâche avait accomplie en quatre ans au lieu de cinq.  Tous les matins quand je lisais le Kommunist de Kharkov j'y trouvais les statistiques des plans réalisés et dépassés, le compte rendu des compétitions entre les brigades de choc, les nominations à l'ordre du drapeau rouge, les nouveaux travaux géants dans l'Oural, les photographies représentant soit des jeunes gens qui riaient toujours et qui portaient toujours un drapeau soit de pittoresques vieillards qui souriaient toujours et apprenaient toujours l'alphabet.

Pas un mot de la famine locale, des épidémies, de l'extinction de villages entiers. Cela donnait un sentiment d'irréalité,  une impression de rêve ; le journal semblait parler d'un tout autre pays, sans aucun rapport avec la vie quotidienne et c'était aussi vrai de la radio. La conséquence c'est que la majorité des gens à Moscou n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait à Kharkov".  "La nécessité du mensonge et de la calomnie ; de l'intimidation des masses pour les sauver de leur propre myopie ; de la liquidation des groupes d'opposition des classes hostiles ; du sacrifice  d'une génération entière au bénéfice de la suivante, tout cela peut paraître monstrueux et pourtant je l'acceptais sans difficulté suivant la voie toute tracée de la foi".     

Arthur Koestler - Hiéroglyphes.


"Chez la plupart des intellectuels communistes il y a une scission de la conscience" notera Margarete Buber-Neumann.

 
Le drame c'est que cette scission de la conscience perdure en France en 2010, 80 ans plus tard et concerne l'ensemble des intellectuels français ou presque.


Les faits sont toujours occultés, niés, minimisés. Le génocide ukrainien est expulsé du domaine de la réflexion publique et des médias. On voit pourquoi en lisant ces témoignages  :

 
- Il ne s'agit pas de communisme ni de stalinisme: on a fait mourir des millions d'hommes, de femmes et d'enfants au nom du socialisme en train de se réaliser. On admet que le socialisme détient un droit de tuer incorporé dans la doctrine. les victimes ne peuvent être innocentes. Ce sont des ennemis du socialisme. Les classes hostiles peuvent être détruites par le massacre, même dans les formes les plus abjectes.

- la sensiblerie petite bourgeoise est telle qu'il est légitime de mentir, tromper, combattre la vérité, pour éviter l'effet sur les masses impressionnables.

On n'en toujours là : " Cachez ce génocide que nous ne saurions voir".  Et qui donnerait des arguments contre nous qui sommes le Bien. 

"Nous les socialistes nous sommes les bons ; nous sommes gentils.  Mais nous savons bien que si on devait traiter ce génocide exécuté en temps de paix selon une planification rigoureuse et mené jusqu'à son terme sans aucune pitié comme on traite politiquement et médiatiquement la Shoah, alors nous serions, nous et nos doctrines, ravalés au statut de déchet de l'humanité comme de vulgaires hitlériens racistes et antisémites, alors qu'on tient tous les carrefours des medias, de la culture et de l'université".

Impensable !

Alors la France, "pays des droits de l'homme", n'a pas reconnu le génocide ukrainien. 

Alors les médias français n'en parle absolument jamais.

Alors les programmes scolaires sont aux mieux vierges de toute information sérieuse ou pratique une désinformation criminelle. Pourquoi se gêner ?

Les politiques et les intellectuels français ont accepté de se coiffer collectivement d'une chape de plomb sans même avoir la justification de la terreur stalinienne ou de l'illusion que le socialisme est un espoir sérieux pour l'humanité depuis la chute généralisée des systèmes "vraiment" socialistes.  L'auto censure y est aussi totale que spontanée : la crainte de se faire traiter de fascistes et d'être exclu du camp des bons est trop forte.  Alors le devoir de mémoire n'existe plus. Alors le besoin de justice inaliénable et perpétuel  des victimes n'existe plus non plus.

Par pitié ne parlez pas de la loi des cinq  épis du 7 août 32 qui a permis de confisquer par la violence  la nourriture de millions de paysans, les condamnant à une mort abjecte et inévitable, une des dates les plus horribles de toute l'histoire de l'humanité. Une de celles qui devraient gravées dans la conscience de l'humanité, comme témoignage de ce qui ne doit jamais plus arriver.

Par pitié ne parlez pas de la résolution du 14 décembre 32  du CCUS qui appelait "à l'extermination des saboteurs de la collecte".   L'extermination ! On ne cachait pas l'objectif. Ici, ce n'est pas comme pour la Shoah où on cherche désespéremment les ordres écrits de la Solution finale, et où on doit déduire la volonté d'exterminer des résultats de la politique menée par les Nazis.  Pour le génocide ukrainiens on a tout : les ordres et les résultats.

Par pitié ne parlez pas  de la loi sur le passeport intérieur  du 27 décembre 1932 et de la circulaire de Staline et Molotov du 22 janvier 33 qui ont bloqué les victimes sacrifiés dans leur village jusqu'à ce que mort de faim s'en suive.

12000 villages exterminés en Ukraine, entourés par 120.000 militaires de la Milice et 40.000 activistes communistes mobilisés à cette fin. Entre 3.5 et 4.5 millions de morts directes en deux ans. Et le remplacement des morts dès 1934 par des millions de Russes afin de noyer le nationalisme petit bourgeois des Ukrainiens et relever l'armée pour les semailles et les récoltes !

Il n'y a pas le moindre doute sur le caractère intentionnel du génocide : on a les textes, les ordres, l'organisation, les résultats. Et tous les témoignages.   Un vrai  génocide modèle qui sera répliqué en Corée, au Cambodge, en Chine, en Erythrée. Avec à nouveau des millions et des millions de morts.  Le concepteur de la notion de génocide, Raphael Lemkin, ne s'y est pas trompé : il a lui même spécifiquement écrit qu'il s'agissait d'un génocide manifeste.

Mais non. Il n'y a pas de génocide.  Circulez, il n'y a rien à voir.

Il ne faut surtout pas contempler et condamner la sinistre matrice, surtout pas en parler, surtout pas en tirer la leçon.

En France ! Au pays qui se flatte que Voltaire ait soutenu Calas injustement condamné.  Un innocent et voilà nos intellectuels engagés. Des millions de morts avec le label "assassinés pour l'établissement sur terre du socialisme". Et voilà nos intellectuels désengagés, accroupis dans la fange du silence, de l'autocensure et de la falsification.  

Holodomor tend un miroir à la France de 2010.  Le spectacle n'est pas ragoutant.

Le blog en hommage a Léon Chaix

Léon Chaix est un humaniste de gauche qui a donné son nom a un syndrome essentiel a la compréhension de notre temps. Le syndrome de Léon Chaix décrit  la réponse automatique des adeptes du mouvement socialiste confronté a l'ampleur des crimes contre l'humanité commis en son nom :

  1.  L'occultation
  2.  La négation
  3.  La minimisation
  4.  L'exonération.

Tous ceux qui essaient de dénoncer l'occultation,  de démonter la négation,   de se moquer de la minimisation et de rire des tentatives d'exonération  sont évidemment présentés comme < fascistes > et ne sont dignes que des attaques ad hominem les plus basses. 
Léon Chaix et son ami Didier Dufau ont pendant des années commenté en temps réel sur le forum du journal le Monde les exemples de ce syndrome,   montrant  au jour le jour comment il s'appliquait aux révélations du Livre noir, aux crimes des Farc qu'ils furent longtemps les seuls  a évoquer et a condamner, a ceux du sinistre  Mugabe ou de l'ignoble < Prachandra > le tueur en série du Népal.  Le combat continue ici !

 

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