Génocide ou démocide

 

Qu’est qu’un démocide ? Ce néologisme n’a de sens que comme compilation des personnes massacrées pour une raison ou pour une autre.  La notion est délicieusement neutre.  Elle ne comporte aucune réalité juridique : aucune sanction pénale ne  s’applique au « démocide ». Ce n’est qu’un état de fait. La révolution française a vu de nombreux massacres, soit dans le cadre de   « journées révolutionnaires », soit dans celui des guerres civiles,  des guerres étatiques ou des diverses répressions.  Sans compter les pertes démographiques dues au désordre.

C’est bien cela : démocide est quasiment synonyme de « pertes démographiques ».  La notion n’implique aucune responsabilité de personne : cela fut. Point final.

Pour le génocide l’affaire est autrement complexe.  Le génocide est une catégorie du droit pénal national et international comme le crime contre l’humanité.  Que les blancs colonisateurs apportent des maladies inconnues des populations « découvertes » et surtout démunies  d’immunisation, qui  les exterminent, c’est un fait malheureux, une énorme perte démographique, un démocide,  ce n’est pas un génocide. 

Quand une autorité de fait décide qu’une catégorie sociale sur laquelle elle a jeté l’anathème doit disparaître, et met en pratique cette grande idée c’est un génocide condamnable et qui plus est imprescriptible.

Bien sûr les catégorisations judiciaires actuelles du génocide sont très partielles, presque restrictives.  Issues de Nuremberg, elles concernent presqu’exclusivement la Shoah, le génocide des juifs par les Nazis.  Elles devraient être indiscutablement étendues.

Pour nous, il y a génocide lorsqu’il y la rencontre des plusieurs conditions :

-          Une doctrine qui théorise la disparition d’une catégorie de la population

-          Un mouvement qui défend la doctrine

-          Des penseurs qui expliquent qu’il faut blinder son âme et sa sensibilité pour accepter  la violence qui va être pratiquée

-          Une force, de droit ou de fait qui arme la main des bourreaux

-          Un début d’exécution selon des plans concertés.

Le génocide est un crime contre l’humanité mais tous les crimes contre l’humanité ne sont pas des génocides : faire sauter une bombe pour créer une terreur aveugle est un crime contre l’humanité, ce n’est pas un génocide.

Un génocide n’implique pas nécessairement une élimination physique : ce peut être une élimination sociale.  Interdire d’études, d’emplois, de soins   tous les enfants d’une catégorie sociale donnée possède un caractère génocidaire.  Interdire du bénéfice  des droits de l’homme des catégories sociales soumises  est aussi génocidaire. A ce titre l’esclavage a une connotation génocidaire évidente.  Même si l’esclavagiste ne tue pas son esclave pour des raisons économiques.

Une des caractéristiques  du génocide est l’absence de « faute » de la victime.  C’est son « état » ou du moins la vision que le génocideur projette sur lui, qui lui vaut le martyre. Pas ses actes.  Même si des faux procès permettent de créer des frictions d’actes gravement  illégaux.   C’est pour cela que les génocides concernent toute la population  signalée, femmes et enfants d’abord.  Il est difficile de faire délibérer par un tribunal qu’un nouveau né juif à d’Auschwitz soit coupable de grand-chose.  Les chambres à gaz en tuèrent autant qu’il en vint dans leur voisinage.  

La principale caractéristique d’un génocide est que la victime est  fondamentalement INNOCENTE.   Presque par définition.  La fréquence et l’ampleur des assassinats de femmes et d’enfants signalent le génocide  d’une façon quasi parfaite.

Peut-on donc parler de génocides socialistes ? Reprenons nos critères !

-          Une doctrine qui théorise la disparition d’une catégorie de la population : elle existe. C’est le marxiste léninisme qui prétend qu’il doit y avoir lutte des classes et élimination de la classe dominante.

-          Un mouvement qui défend la doctrine : tous les mouvements socialistes jusqu’à un passé très récent ont soutenu la lutte des classes qui a été éliminée des statuts de certains mouvements que très tard dans le 20ième siècle.  Tous les mouvements communistes ou révolutionnaires  se réclamant du marxisme léninisme  ont défendu l’élimination de la classe dominante « bourgeoise ».

-          Des penseurs qui expliquent qu’il faut blinder son âme et sa sensibilité pour accepter  la violence qui va être pratiquée :  on en trouve des centaines dans le temps des révolutions.  Certains avançaient même la proportion de la population qu’il fallait éliminer pour être sûr de faire triompher la Révolution, élevée au rang d’icône sanglante . On en trouve même en temps de paix sur les terrasses germanopratines. Voir Sartre  « la révolution soviétique n’a pas assez tué ».

-          Une force, de droit ou de fait qui arme la main des bourreaux.  Dans le cas des révolutions communistes puis des régimes communistes, ces forces se sont clairement fait connaître.

-          Un début d’exécution selon des plans concertés.  Tous les mouvements communistes ont tué et en masse. On sait aujourd’hui que la tuerie a été immense : plus que probablement autour de 150.000.000 de morts, une boucherie insensée concernant aussi bien les hommes que les femmes et les enfants.  Les régimes de terreur une fois installée ont continué, après les actes de terreurs et de destruction initiale à discriminer les « ennemis du peuple », en particulier les « enfants de bourgeois » leur interdisant logements, emplois, soins médicaux  et enseignement du fait non pas de leur « comportement » mais de leur « état ».

 Il est donc parfaitement légitime de parler de génocides socialistes. Lorsque j’ai fait cette démonstration sur le site du Monde.FR en 1997, cela m’a valu des dizaines de « posts » d’insulte,  la censure de Michel Tatu (« pour mon bien » selon le mot qu’il m’écrit)  et de ses anastasiens.  Lors des fêtes commémorant en Ukraine «  le génocide socialiste »  commis dans les années 30 et repris sous des formes diverses à plusieurs reprises, le journal LE MONDE reprit  le terme de génocide socialiste qui devenait ainsi légitime pour la gauche bien pensante.  J’avais dit à l’époque que l’arrivée des pays de l’est ne laisserait pas  beaucoup de choix  aux journalistes.

 Il est totalement légitime de parler de génocide socialiste.  Démocide n’apporte rien.

Tableau des génocides socialistes et autres "démocides"

Voilà une tableau que tout le monde devrait connaître surtout en France, Pays des droits de l'homme : www.unmadeinchina.org/.

L'emploi du terme démocide au lieu de génocide est intéressant. Il décharge le débat de considérations parasites sur la Shoah.

Nous reviendrons sur cette intéressante question.



Crimes contre l'humanité et socialisme : les mécanismes de l'exonération.

 

Les différentes variantes de socialisme violent ont massacré comme on le sait désormais de façon historiquement bien fondée entre 100 et 150 millions de personnes.  De l’assassinat politique isolé, au génocide caractérisé, en passant par des multiples facettes du crime contre l’humanité, l’idéologie socialiste fondée sur le marxisme-léninisme a été la source d’inspiration de la pire tuerie que l’histoire  de l’humanité a connue, et pourtant il y en eut de sévères.

Et pourtant la France, pour ne parler que d’elle,  baigne encore dans une idéologie marxisante extrêmement forte  dont témoignent  le nombre des candidats trotskistes à la dernière élection présidentielle, le succès médiatique du facteur Besancenot,  la permanence d’un mouvement socialiste fort avec les succès électoraux du PS allié à des Verts d’origine d’extrême gauche et au reliquat du PC,  le gauchisme affiché d’une partie de l’appareil culturel (enseignement,  théâtre, cinéma, journaux),  et un syndicalisme hargneux  et à l’occasion violent.

Comment, en France, qui se veut le pays des droits de l’homme peuvent coexister  ainsi  une idéologie socialisante violente qui tient le haut du pavé  et entend y rester  et l’évidence de crimes effroyables dont  les victimes sont en droit d’attendre un « devoir de mémoire » particulièrement vibrant ?  

Ne nous y trompons pas. Cette idéologie tient bien le haut du pavé grâce à un terrorisme intellectuel larvé qui a été intégré même dans les couches intellectuelles de droite.   Quiconque en France cherche à braver ce terrorisme est aussitôt taxé de « fasciste » et injurié par une cohorte sans cesse renouvelé  de braves à trois poils qui croient devoir brandir aussitôt la pancarte du « No Pasaran ».  Il suffit d’aller sur le moindre forum pour s’en rendre compte.  Même quand il est de gauche non socialiste. Surtout s’il de gauche non socialiste.

L’évidence des crimes commis au nom de l’instauration violente du socialisme devrait pourtant briser le carcan.  On ne peut pas vivre avec une idéologie génocidaire en se prétendant l’héritier de Voltaire et de Schoelcher !

Des mécanismes très forts expliquent  ce paradoxe. Individuellement et collectivement, la mouvance va s’organiser pour fuir la réalité et la transformer en quelque chose d’acceptable.  Le syndrome de Léon Chaix est le principal de ces mécanismes.  Il précise que par l’occultation, puis la négation, puis la minimisation, puis l’exonération,  le partisan va pouvoir  vivre l’inconciliable sans se déjuger.

L’histoire de la couverture de l’histoire criminelle des Farc est absolument exemplaire de ce mécanisme et en donne une illustration tellement frappante qu’on dirait qu’elle n’existe que pour l’édification des observateurs.

Lorsqu’au milieu des années 90 les Farc relancent leur hystérie de crimes contre l’humanité, la première réaction de la presse française est : l’occultation. Rien n’est dit. Du tout.  Notamment à gauche.  Silence total.  Ensuite vient la négation. Lorsqu’un crime trop grave perce la couche d’indifférence intéressée,  il va falloir allumer des contre feux : ce n’est pas les Farc mais les AUC, le gouvernement fasciste allié de l’impérialisme yankee ou n’importe quoi. Mais les Farc sont de gentils guérilleros en lute juste contre « le fascisme et l’oligarchie » des Pinochet locaux.   La minimisation suit : d’accord les Farc exagèrent mais pas autant que le disent les méchants.  

Que faire quand l’évidence du crime est telle qu’on ne puisse plus ni la cacher, ni la nier, ni la minimiser ?  Il faut s’en exonérer.  Le martyre d’Ingrid Betancourt aura servi au moins à rendre impossible la défense des Farc qui sont désormais bien vus pour ce qu’ils sont : des gibiers de TPI habitués des pires crimes contre l’humanité.

Oh, mais voilà que cela risque de remettre  en cause l’idéologie dominante de la classe intellectuelle française.  Que faire ?  Développer un rideau de fumée permettant d’exonérer le bon, le gentil, le nécessaire socialisme,  de toute responsabilité dans ces crimes.

La période donne un exemple formidable de cette défense immunitaire en action.  Pour s’en tenir qu’au dernier jour, donnons quelques exemples.

-          Le Monde : c’est un mouvement de paysans.  Pas de vrais et bons intellectuels socialistes, ces Farc, mais des péquenots abrutis et ignares qui ne comprennent rien à rien.  Cet argument nous l’avons relevé une bonne centaine de fois depuis 2002.  Il était accrédité par la personnalité de Marulanda, un porc  au front bas dont le surnom Tirofiro donnait une idée précise du programme.  Seulement voilà, le vrai chef c’était Reyes, formé en Allemagne de l’Est et pur produit du Parti Communiste.  Et Cano le nouveau chef a exactement le même profil, lui qui était présenté comme l’idéologue du mouvement et qui défend bec et ongle sa définition de chef communiste.

-          Le Figaro : Ce sont des révolutionnaires en peau de lapin. Cette sottise d’Etienne Mougeotte, du Figaro et du Figaro Magazine est analysée par ailleurs sur ce site.  On ne sait évidemment pas ce qu’est une révolutionnaire en peau de lapin, et ces lapins là ont tué de façon tellement lourde et avec des moyens tellement hideux,  qu’ils ont plutôt la hure de hyènes.  Mais si ce ne sont pas des « vrais révolutionnaires de toujours si juste et si bons, il est normal qu’on puisse les critiquer un peu.

-          Libération, Le monde Diplomatique et autres : d’accord ce sont des « déviants » mais il faut se souvenir de la justesse de leur cause. L’exonération par la justesse de la cause est une des pires parce qu’on fait tout devient légitime, du moment qu’on est du côté des bons.  Bien sûrs il y a des excès mais tellement excusables.  Ils ne proviennent jamais de l’idéologie mais seulement  de dérives individuelles : Staline, un provincial taré ; Mao, un obsédé sexuel  se comportant en mandarin ; Pol Pot, un fou ; Mugabé,  un bon garçon saisi sur le tard par le démon des roitelets africains traditionnels.

-          En tout cas ces crimes, qu’on déclarera enfin comme abjects (Pagès, le  Canard Enchaîné) , ne doivent nous détourner du bon chemin et nous laisser croire que les vrais ennemis ont raison : Uribe reste un fasciste, un bushiste,  et une marionette dans les mains des narcotrafiquants et de l’oligarchie. Non mais !

Et voilà : passez muscade.  Le militant, le convaincu, qui a besoin de sa foi comme surmoi, a sa ligne de conduite.  Il ne concédera rien, il ne changera rien.  Sa bonne conscience régénérée par l’exonération il pourra continuer son bon combat au milieu de tombereaux de cadavres et de victimes totalement innocentes,  sans que cela ne le touche le moins du monde.  Et gare à qui dénoncera cette fiction commode à la quelle se ralliera avec la plus moutonnière bonne volonté la presse de droite. 

Pas question de « récupérer » idéologiquement  le drame colombien ; pas question de demander un devoir de mémoire ; pas question de souligner l’innocence des victimes.  Faisons de la chaleur qui fait vendre autour d’Ingrid et oublions la cause de son martyre et le fait qu’il continue pour des milliers d’autres colombiens.

 Oublions que les Farc  défilaient le premier mai avec la CGT. Oublions que la LCT les déclarait comme « organisation amie ». Oublions que les altermondialistes anticapitalistes à Porto Allegre les fréquentaient assidument ; oublions que Campesina de José Bové était plus que des compagnons de route des Farc : il citait leur action dans les campagnes comme exemplaire !  

On ne va pas risquer de passer pour un fasciste tout de même ou crier la même chanson que les ennemis du peuple. 

Et tant pis pour les victimes.  

Le blog en hommage a Léon Chaix

Léon Chaix est un humaniste de gauche qui a donné son nom a un syndrome essentiel a la compréhension de notre temps. Le syndrome de Léon Chaix décrit  la réponse automatique des adeptes du mouvement socialiste confronté a l'ampleur des crimes contre l'humanité commis en son nom :

  1.  L'occultation
  2.  La négation
  3.  La minimisation
  4.  L'exonération.

Tous ceux qui essaient de dénoncer l'occultation,  de démonter la négation,   de se moquer de la minimisation et de rire des tentatives d'exonération  sont évidemment présentés comme < fascistes > et ne sont dignes que des attaques ad hominem les plus basses. 
Léon Chaix et son ami Didier Dufau ont pendant des années commenté en temps réel sur le forum du journal le Monde les exemples de ce syndrome,   montrant  au jour le jour comment il s'appliquait aux révélations du Livre noir, aux crimes des Farc qu'ils furent longtemps les seuls  a évoquer et a condamner, a ceux du sinistre  Mugabe ou de l'ignoble < Prachandra > le tueur en série du Népal.  Le combat continue ici !

 

BlogCFC was created by Raymond Camden. This blog is running version 5.9.002. Contact Blog Owner